« Financial Times Commodities Global Summit « . Derrière ce titre ronflant se cache un événement lausannois très peu médiatisé, et pour cause: en 2022, la crème du négoce des matières premières qui s’y réunit parrainait des sanctions contre la Russie. Ce qui donne une claire indication sur son ADN. Qu’en sera-t-il en 2025 à l’heure où la nouvelle administration américaine tend la main, pour ne pas dire le bras, au grand rival historique? Une chose est sûre, sur le thème « Stop au pillage « , un « contre-sommet » lui volera la vedette à mi-mars. Organisé parallèlement à Lausanne, il entend dénoncer « le pillage systématique des ressources du Sud Global » lors de débats réunissant historiens, ONGs, journalistes et « délégués de peuples autochtones ». Bémol: le débat conclusif « Génocide en Palestine et financement de la guerre » fait un peu récupération bâclée. Dans le même ordre d’idées, nous aurions ajouté le Kurdistan, le Congo, la Somalie, le Yemen, la Birmanie, l’Arménie, Haïti, le Panchir et j’en passe.
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Après les démissions successives de la ministre de la Défense, du chef de l’armée et du directeur des services secrets, quelques élus osent lever la main pour poser des questions. Mais ils sont vite rabroués. Un dossier est pourtant explosif: celui de l’achat de 36 avions de combat américains, approuvé par la population suisse en 2020. Il se dit que Washington serait tenté de reconsidérer le contrat de 6 milliards à l’heure où l’on apprend que le terrifiant climat helvétique rend inopérants des drones israéliens. Ce scandale en devenir cacherait-il dans le fond une bonne nouvelle?: le retour des bons vieux fantassins de milice! Oui, oui, ils ne dépendent pas des coucous de l’OTAN, eux!
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Déléguer aux Européens la défense de… l’Europe, c’est bien beau mais le parapluie nucléaire français est-il vraiment dissuasif? Et puis comment faire quand on sait que les Etats-Unis ont encore 100 000 militaires basés sur le Vieux Continent, et cela dans une trentaine de pays. Plus de 10.000 soldats américains sont notamment stationnés en Pologne, porte d’acheminement des armes pour l’Ukraine. Rien ne dit que l’Oncle Sam ait vraiment envie de s’en aller. D’ailleurs on entend beaucoup moins parler de la Pologne, depuis un certain temps. Celle que l’on présentait, il y a quelques semaines encore, comme le faucon de l’Europe aurait-elle mis de l’eau dans son vin?
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A Zurich, Ignazio Cassis a assuré Kiev du soutien de la Confédération. Et convaincu d’emblée: « Nous ne sommes pas un grand pays. Nous n’avons pas la meilleure défense ». Voilà qui est rassurant pour l’Ukraine et témoigne surtout d’une grande lucidité.
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Saviez-vous que Jean-Baptiste Camille Corot, surnommé le peintre de grand chemin, était Fribourgeois par sa mère, elle-même fille d’un garde suisse au château de Versailles nommé Oberson? Or donc Corot revient sur la terre de ses ancêtres grâce à l’une de ses toiles. D’un château à l’autre, svp! C’est que cette petite huile sur bois intitulée « Les vaches à la mare » (photo © Château de Gruyères) a été offerte au Château de Gruyères par des collectionneurs zurichois, Jeannette et Rolf Chiarini, selon les indications de Muriel Sudano, chargée de communication. Une manière de perpétuer la tradition artistique du monument, autrefois aux mains de Charlotte et Samuel Bovy, un couple de bijoutiers genevois qui se piquait d’intellectualisme autour des idées de l’utopiste pré-socialiste Charles Fourier.
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Géraldine Savary quitte Tamedia. L’ancienne conseillère aux Etats vaudoise ne dirigera plus Femina ni les pages culturelles du « Matin Dimanche », nous apprennent les titres concurrents, relayant une dépêche de l’ATS. C’est Gérald Cordonnier qui la remplace déjà à la tête du magazine féminin devenu mensuel après avoir été un hebdomadaire. Mais, rassurez-vous, tout va bien puisque la séparation d’avec le groupe de presse résulte d’un « commun accord ».
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Le Petit Prince ne posera pas son noeud-pap’ à Lausanne. Sa planète ne rime pas avec mirador, cette verrue qui occupe l’emplacement qui lui était destiné, à quelques mètres du bunker muséal. Ni avec chantier, encore moins celui d’une gare à l’abandon. Vous n’aimeriez quand même pas qu’il compte ses moutons dans un capharnaüm? Fribourg aurait pu profiter de l’occasion, Saint-Ex y a étudié, un local idoine existait. Hors las, l’entente n’était pas au rendez-vous, non plus. Dommage, la Suisse romande rate une belle occasion d’enrichir son patrimoine culturel et c’est la Suisse allemande, Soleure en l’occurrence, qui récupère l’idée de Jean-Marc Probst de créer un musée consacré à l’oeuvre la plus connue du poète. Grand seigneur, cet industriel et collectionneur qui participa en 1980 au jeu télévisé « La Course autour du monde » ne parvient même pas à blâmer la négligence des deux cités romandes approchées: le palais Besenval dans la ville des ambassadeurs, « c’était une chance à saisir » (« 24 Heures »). Nul n’est prophète…
Christian Campiche