Festival International du Film de Fribourg, nouveau record d’affluence mais survie menacée 

PAR ANDREA DUFFOUR

Le 39e Festival International du Film de Fribourg (FIFF) s’est clôturé dimanche 30 mars. 108 films provenant de 52 pays. 1554 longs métrages et 608 courts métrages visionnés. Les absents auront eu tort: comme toujours, seule une poignée de ces films seront visibles sur nos écrans suisses en dehors du festival. 

La survie du festival est menacée ainsi que celle de plusieurs institutions culturelles par des coupes budgétaires de notre gouvernement – qui, permettez-moi la remarque, préfère investir plus de 1,5 milliard dans des acquisitions d’armement, rien qu’en 2025. 

Quatre des douze longs métrages et trois des seize courts de la Compétition internationale ont été primés par les différents jurys durant la Cérémonie de clôture du FIFF.

Palmarès du FIFF 2025

  • Grand Prix 2025 et du Critics’ Choice Award, Black Dog de Guan Hu, Chine. Ce chef d’œuvre chinois sera à découvrir dès le 2 avril sur les écrans romands, et dès le 10 avril sur les écrans alémaniques et tessinois. Un tendre récit d’une amitié entre un homme et son chien, avec un protagoniste pratiquement sans paroles mais extrêmement expressif et humain, des plans somptueux ainsi qu’une caméra extraordinaire. 
  • Présentée en première européenne, My Friend An Delie, première œuvre très réussie du Chinois Dong Zijian porte sur les traumas familiaux et l’amitié pendant l’enfance, sur la mémoire et l’imaginaire plus tard. Il  remporte le Prix spécial du Jury et le Prix du Jury œcuménique.
  • Le public a primé le film Nawi, un film triste et touchant qui thématise le dilemme de certaines traditions locales comme celle des mariages forcés dans certaines régions du Kenya. La scénariste Milcah Cherotich n’a pas pu retenir ses larmes durant la cérémonie de clôture contagiant un public ému.
     
  • Le Jury des jeunes a choisi le film malaisien Pavane for an Infant de Chong Keat Aun, traitant de l’abandon des enfants par des mères en détresse. 

The Legend of the Vagabond Queen of Lagos du Agbajowo Collective de Nigéria, inspiré de faits réels – certes pas parfait au niveau cinématographique mais avec un contenu très convaincant face aux projets immobiliers et la misère qu’ils provoquent – aurait certainement aussi mérité une mention, idem pour O Silêncio das Ostras de Marcos Pimental et Senhoritas, premier long métrage de Mykaela Plotkin, tous deux brésiliens. 

  • Quant aux concours des courts métrages internationaux, c’est Bitter Chocolate  de Sahar Sotoodeh, Iran, qui remporte le Prix. Mañana, de la Colombienne Ingrid Pérez López, a reçu le Prix Réseau Cinéma CH et Amplified, court métrage jordano-palestinien de Dina Naser, celui décerné par le nouveau Seniors’ Jury, composé de trois cinéphiles à la retraite. 

Certes, il est difficile de trancher. Je penserais aussi à The Feast de Rishi Chandna, India, Farewell Paris de Mohammad Ebrahim Shahbazi, Iran, ou One last Time de Karim Rahbani, Liban, qui auraient mérité un prix ou une mention sans doute. 

  • Le prix attribué par un jury composé de membres du Sri Lanka qui choisit son court métrage préféré issu d’une des 5 écoles de cinéma suisse, le Special Emerging Talent Award, ainsi que le prix Röstigraben sont allés au récit personnel (21′) de Selin Besili, étudiante à la HSLU (Hochschule Luzern), sur l’intégration de sa propre famille en Suisse, Unser Name ist Ausländer (Passeport suisse), et le Prix Visa étranger à Fenni in Wonderland de Fei Fan, Suisse, 15’ , Fiction, ECAL, École cantonale d’art de Lausanne.

Plus de 50 000 entrées, 70 séances complètes comptabilisées cette année sont la preuve de l’importance du bouche-à-oreille pratiqué par un public d’année en année depuis 45 ans, 39 éditions.

Autre succès qui forge l’identité du FIFF et qui prépare de nouveaux publics de cinéphiles, le programme scolaire Planète Cinéma a offert une nouvelle fois à plus de 11’000 élèves la chance de découvrir les films de la programmation avec leur classe tous les matins de la semaine du FIFF, mais aussi durant toute l’année.

Un seul regret

Le FIFF, qui se veut porte-voix des cinématographies d’Asie, d’Afrique, d’Amérique latine et d’Europe de l’Est, a aussi convaincu avec sa section Décryptage, notamment avec une version restaurée du légendaire Chronique des années de braise, Algérie, 1975, de Mohammed Lakhdar-Hamina ou avec sa section Nouveau territoire Sri Lanka, une excellente sélection de 9 films et 4 courts en collaboration avec la communauté tamoule et cingalaise de Fribourg. A mentionner le très intéressant Little Jaffnade Lawrence Valin. 

Seul regret, déploré par plusieurs festivaliers habitués :  le FIFF a sélectionné des films « politiquement corrects » et une fois de plus omis de donner une voix à des réalisatrices et réalisateurs thématisant la tragédie qui se joue en ce moment sous nos yeux au proche Orient. Il a préféré laisser la place aux meurtres et crimes de fiction.   

Pour le public qui souhaiterait poursuivre l’aventure FIFF, rendez-vous dès aujourd’hui sur Festival Scope, pour (re)visionner les courts métrages de la compétition et certains films de la section Nouveau territoire : Sri Lanka :

  • festivalscope.com (30.03 – 20.04.2025)
  • playsuisse.ch (13.03 – 27.03.2025)
  • filmfriend.ch (depuis le 21.03.2025)

La 40e édition se tiendra du 20 au 29 mars 2026.

Black Dog du Chinois Guan Hu ou le tendre récit d’une amitié entre un homme et son chien. Un chef-d’oeuvre.

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