Il eût été étonnant que parmi les domaines dont les oligarchies mondialistes entendent se saisir ne figurât pas l’éducation.
Quoi de plus efficace, en effet, pour soumettre les foules que d’inculquer aux générations futures l’abc de tout ce qui détruit notre civilisation : wokisme, abrutissement psychologique, maladresse dans l’expression orale et écrite de la langue maternelle via l’appauvrissement – que l’écriture inclusive se charge d’aggraver avec la complicité des autorités politiques – de la syntaxe et du vocabulaire, apprentissage purement utilitaire des langues étrangères, le globish anglo-américain ayant la prééminence, ignorance de l’Histoire, incapacité à lire de la littérature d’un bon niveau, abandon des branches formant l’aptitude à la réflexion et à l’analyse critique (philosophie, logique, géographie politique, classiques littéraires). La dissertation, instrument privilégié, autrefois, et qui donnait des résultats probants en matière de raisonnement, de recherche des faits et données, de précision et complexité de compréhension et d’écriture, a été délaissée depuis des décennies. Les dictées qui, selon l’excellent jugement de George Steiner, musclent la pensée et favorisent la maîtrise de la langue, sont déclarées caduques. La méthode syllabique d’apprentissage de la lecture est non seulement vouée aux gémonies mais les enseignants qui y ont recours sont sanctionnés.
Tout cela figure dans le remarquable ouvrage de Frédéric Ducrest, Tout comme il faut ! paru aux éditions de l’Hèbe en février 2025.
Pour avoir négligé les consignes les plus nocives imposées par les représentants locaux de l’oligarchie, l’auteur, après une trentaine d’années passées dans le domaine de l’école, dont une vingtaine en tant que directeur d’un CO (Cycle d’orientation), a été brutalement congédié. La raison, il la décrit sans fioriture : avoir, tout au long de sa carrière, diffusé des idées qui vont à l’encontre de la doxa mondialiste. Ainsi s’exprimait-il face à ses élèves : « Vous devrez être les chefs de votre vie et exercer cette liberté merveilleuse et angoissante qu’est la décision. Puissiez-vous jouir de cette liberté, la seule digne de ce nom qui est de pouvoir toujours décider ce qui est juste et bon. » Il n’avait pas alors suffisamment compris que ce que nous devons penser et décider nous est dicté par le FMI, l’OMS, le GIEC, l’Union européenne, quelques personnages dangereux et tout puissants tels Bill Gates, mais aussi Davos et son Agenda de destruction des nations et des peuples, de dépopulation radicale et de paupérisation des masses. Comme rien de tout cela ne pourrait advenir sans courroies de transmission, le personnel politique et médiatique, dont un grand nombre a été formé par l’institution des Young Global Leaders, loin d’être au service de nos nations et de leurs citoyens, ne cesse de les trahir.
Du pain et des jeux
Frédéric Ducrest a trop bien compris, en revanche, que « dans le siècle à venir, selon les doctes penseurs de l’économie mondialisée, 20 % de la population suffira à faire tourner le business. Comment dès lors maintenir la gouvernabilité sur le 80 % restant ? » La formule pour y parvenir est connue depuis l’antiquité : du pain et des jeux. Autrement dit, une alimentation industrielle de mauvaise qualité, fatale à la bonne santé physique et mentale, et qui, de surcroît, enrichit les multinationales de l’agroalimentaire (l’agriculture nationale disparaissant), à quoi s’ajoutent les débilités du sport professionnel où règnent des milliardaires repus. Quant à l’aspect ludique, il participe d’un lavage de cerveau chronique effectué par le cinéma, la télévision et les différents mécanismes d’abêtissement. C’est qu’il s’agit de distraire, au sens pascalien du terme, le bon peuple, c’est-à-dire de le détourner de ce qui est essentiel, tout en satisfaisant le niveau zéro de l’intelligence et de la connaissance. Citant le perspicace philosophe Jean-Claude Michéa, Frédéric Ducrest précise : « C’est évidemment pour cette école du grand nombre que l’ignorance devra être enseignée de toutes les façons concevables. »
C’est là qu’intervient le détournement de la pédagogie par le « pédagogisme ».
Sont apparus les « pédagogistes », cette police de l’éducation chargée de maintenir les enseignants dans le droit chemin des contenus et des méthodes façonnés par les auteurs de l’Agenda. La relation privilégiée entre un maître et un élève a disparu. Au centre du processus éducatif, l’élève a remplacé le savoir. Le maître, lui, n’est plus qu’un moniteur de colonie de vacances prié d’amuser l’élève sans le traumatiser pendant qu’il est censé construire seul son savoir. Le résultat, on le constate de plus en plus : un effondrement du niveau, une incapacité à comprendre des textes que les générations des années 50-90 comprenaient dès le début du CO, une langue imparfaitement maîtrisée, des connaissances historiques et littéraires étriquées, parcellaires et détachées de toute chronologie permettant une vue d’ensemble.
La connaissance libère
« La connaissance libère et permet de s’élever », écrit Frédéric Ducrest. Or, il n’est précisément pas question pour les hommes de Davos et leurs sbires de libérer ni d’élever vers les hauteurs de l’autonomie intellectuelle et politique les citoyens tronqués qu’ils ont conçus. La « hiérarchie » que le vaillant directeur n’avait pas craint d’affronter lui a donc fait payer sa rectitude. Harcelé puis dénoncé par un « pédagogiste » au titre ronflant d’« inspecteur » rivé à son écran d’ordinateur et aux textes délirants du pédagogisme mais n’ayant jamais pris la peine de rencontrer un seul professeur et un seul élève, le coupable « d’insubordination » qu’était Frédéric Ducrest fut, sans préavis, démis de ses fonctions.
En près de quarante ans d’enseignement au niveau secondaire supérieur, j’ai personnellement vécu les prémisses de l’arme de destruction massive des cerveaux qu’est devenue aujourd’hui l’école. Mes actes et mes principes étaient proches de ceux de Frédéric Ducrest. Ma « hiérarchie », heureusement, était, en ce temps-là, à la fois encore relativement proche de principes didactiques sains et moins pressée de céder aux exigences de ceux qui entendent anéantir nos patries, notre histoire, nos mœurs, nos peuples et notre liberté.
Communier avec un homme de bien
Comme le Raphaël de La Peau de chagrin, Frédéric Ducrest est en droit de s’interroger : « La curiosité philosophique, les travaux excessifs, l’amour de la lecture qui … ont constamment occupé ma vie, ne m’auraient-ils pas doué de la facile puissance avec laquelle … je sais rendre mes idées et marcher en avant dans le vaste champ des connaissances humaines ? » La réponse étant positive, puisqu’il a bel et bien été « investi du pouvoir de comparer, de méditer », il s’agissait, pour les autorités, de l’empêcher de transmettre à ses élèves ce détestable pouvoir qui conduit à une redoutable capacité d’analyser les faits et les discours. Homme d’intelligence, de vaste culture, doté d’une forte personnalité, il a fallu qu’il fût en outre homme de probité, peu susceptible d’écouter les voix qui invitent au compromis et à la corruption qui « rapetissent la plus belle âme et la réduisent à l’état de guenille ».
Lire avec attention le livre de Frédéric Ducrest et en tirer de salutaires enseignements, c’est communier avec un homme de bien, au discours prophétique.
Dr Michel Bugnon-Mordant, professeur émérite
Tout est dit, et de belle manière, dans cet article qui résume excellemment tous les maux dont souffrent non seulement l’école, mais notre monde. Jusqu’ici, je pensais, naïvement, que les « petits maîtres » du politiquement correct capables de limoger un enseignant appartenaient à des pays totalitaires, mais les retrouver aujourd’hui dans notre canton de Fribourg est sidérant ! L’auteur a raison : tous les enseignants devraient se jeter sur le livre de Frédéric Ducrest !