Cher Monsieur,
J’espère que vous recevrez ce courrier en main propre et que vous aurez le temps d’y réfléchir. Je m’adresse à vous en tant que membre du Parlement européen chargé des relations bilatérales avec la Suisse.
Le vendredi 31 octobre, j’ai suivi votre discussion sur ce sujet dans le journal de la RTS.
Je tiens tout d’abord à vous informer que la Suisse ne dispose d’aucune protection pour les lanceurs d’alerte. De plus, le harcèlement et les licenciements abusifs y sont tolérés en pratique. Même lorsqu’une plainte pour représailles est déposée, qu’il s’agisse de harcèlement moral ou de licenciement abusif, le système judiciaire suisse favorise souvent un règlement à l’amiable, avec des conditions qui privilégient l’employeur et visent à étouffer l’information. Dans certains cas, les lanceurs d’alerte sont même victimes de représailles judiciaires, y compris de poursuites pénales infondées.
La Suisse refuse catégoriquement de ratifier la Convention 190 de l’Organisation internationale du travail relative à la violence au travail. Cela montre que non seulement les lanceurs d’alerte ne bénéficient d’aucune protection, mais que les employés ne sont pas protégés et que même les droits humains ne sont pas respectés.
Le système judiciaire suisse décourage ainsi les employés de signaler des problèmes, ce qui contribue à la corruption. Cette situation est particulièrement préoccupante lorsque la corruption touche des entreprises à risque, telles que celles des secteurs pharmaceutique, alimentaire, chimique, transport, finance…. Cela crée des risques pour les intérêts des populations concernées. Dans un monde globalisé dominé par les multinationales et le commerce international, ces menaces peuvent mettre en péril le bien-être des personnes, où qu’elles se trouvent, en Europe ou ailleurs.
Mon expérience, rapportée dans le livre « Ce que l’empire Nestlé vous cache » , met en lumière ces faits. Ce livre concourt pour le prix « Van Ruymbeke », remis par Transparency France en reconnaissance des travaux sur la lutte contre la corruption.
Dans le contexte des accords bilatéraux, l’Union européenne peut intervenir pour mettre fin à cette situation qui constitue également une menace pour la population européenne ou mondiale. Elle peut exiger que la Suisse respecte la législation européenne en matière de protection des employés et des lanceurs d’alerte.
Cette mesure est d’une importance capitale, car, selon vos propos dans le journal de la RTS, il est prévu d’accepter la certification industrielle de la Suisse, alors même qu’elle ne garantit pas toujours une identification claire des défaillances. Des défaillances ou de la corruption peuvent également survenir dans le domaine de la recherche scientifique. Les lanceurs d’alerte sont donc essentiels pour protéger les populations mondiales.
Je reste à votre disposition pour tout renseignement complémentaire (Tel: +41-79-7916608).
Je vous prie d’agréer, cher Monsieur, l’expression de mes sentiments les meilleurs.
Ancienne assistante vice-présidente, Nestlé.
Ancienne responsable de la sécurité des aliments à l’Organisation mondiale de la Santé.
P.-S. : Pour plus de transparence, ce courriel est partagé avec des lanceurs d’alerte, des ONGs, des journalistes.

