Encore un événement majeur dans cet été torride à tous les niveaux. L’échec du cycle de négociations dit de Doha est avant tout celui des puissances économiques émergentes, qui comptaient désormais sur l’Organisation mondiale du commerce pour affirmer leur force wp_postsatrice sur les marchés mondiaux. Ce n’est pas pour rien que Vladimir Poutine a tenté de mettre le dossier de l’adhésion de la Russie, grande absente de l’OMC, au menu du dernier sommet du G8. George Bush lui a répondu par une tape sur l’épaule, ce qui signifie, en texan: «Cause toujours, mon gars.» Maîtres du débat depuis la création du GATT, ancêtre de l’OMC, au lendemain de la guerre, les Etats-Unis ont été d’accord de partager le gâteau tant qu’ils gardaient la tête de la compétition au jeu de la libéralisation des échanges. Aujourd’hui, ils agissent comme s’ils estimaient que cet instrument devenait trop dangereux. Pourquoi permettre à l’ogre chinois d’inonder à bon compte les marchés occidentaux avec des automobiles six fois moins chères? Pour les pays occidentaux, la question de la suprématie se pose de manière d’autant plus aiguë que leur dépendance vis-à-vis des régions productrices de matières premières, comme le pétrole, est inouïe. Le report aux calendes grecques du processus de Doha signifie-t-il pour autant qu’il faille craindre un retour du protectionnisme? Pas forcément. Ayant senti le vent venir, les Etats-Unis négocient depuis quelques années déjà des accords bilatéraux avec des partenaires triés sur le volet. La Suisse est de ceux-là. Sur le papier, ces arrangements sont motivés par le libre-échange. Mais ils n’empêchent pas des digressions, l’entente sur des aspects encore plus stratégiques, tels que la sécurité ou l’alimentation mâtinée d’organismes génétiquement modifiés.
Grands bénéficiaires du capotage des négociations de l’OMC, les milieux agricoles feraient donc bien de se méfier. Pour eux, la partie est loin d’être gagnée.
Commmentaire paru dans “La Liberté” du 25 juillet 2006
Paysans toujours en sursis
sur 25 juillet 2006 in Economie, Ma Planète - Christian Campiche
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