Le cadeau accordé par Novartis à Ethos fait sourire tant il est modeste. La fondation genevoise a certes obtenu la mise en vrille du parachute doré du numéro un de la maison pharmaceutique mais elle a perdu son combat contre le cumul des fonctions de Daniel Vasella. Ce dernier garde sa double casquette de président et directeur général, pourtant contestée par Ethos.
En fait tout s’est passé comme si le groupe bâlois avait tiré les enseignements de l’affaire Brabeck. En 2005 le patron de Nestlé, sèchement rabroué par le tiers des actionnaires de Nestlé, était passé de justesse à côté de l’humiliation suprême. Le maintien de sa couronne de PDG n’avait tenu qu’à un cheveu.
Cette fois, Novartis a pris les devants, le groupe a sabré l’indemnité de départ de son patron, sachant que la mesure n’aura aucune conséquence pour l’intéressé. Ce dernier n’a-t-il pas annoncé qu’il se retirerait de la direction générale en 2008, au plus tard?
Le geste de Novartis ressemble donc davantage à un susucre destiné à calmer les esprits frondeurs. Vasella continue à être le patron le mieux payé de Suisse au risque de mécontenter toujours plus la frange d’actionnaires et de fonds de pension qui se demandent pourquoi il mérite un tel traitement de faveur alors que la performance de l’action Novartis laisse à désirer.
Cette attitude ne peut aussi que décevoir les humanistes de l’économie – il y en a plus que l’on croit, même parmi les hommes d’affaires – qui penchent en faveur d’un capitalisme éclairé au nom de la lutte contre les inégalités porteuses de conflits sociaux et de violence.
Commentaire paru dans « La Liberté » du 7 mars 2007