L’écologique exige une croissance égale de l’économique et du social


En fin de compte, ce dont il s’agit, c’est du respect de tout «autre», humain, animal, végétal ou minéral, respect de cet autre à l’égal de nous-mêmes, diversifiés à l’égal d’unis dans l’effort de régénérer peu à peu toujours mieux tout ce qui dégénère. Et non pas, comme nous faisons, de dégénérer bien plus que nous ne régénérons pour gagner toujours plus d’argent en nous dominant et minant les uns les autres.

C’est pourquoi toute domination en tout couple d’opposés d’un versant sur l’autre, peu importe lequel, créera un déséquilibre qui, s’il n’est pas rééquilibré en temps et lieu, conduira à la ruine. C’est en raison de cela que tout développement économique et toute protection sociale, toute transformation et toute conservation, toute compétition et toute coopération, qui n’évoluent pas de concert, à l’égal avantage l’une de l’autre, mènent nécessairement à un désastre se mondialisant.

Tout le monde veut se persuader que le problème écologique est essentiellement énergétique. Qu’il suffit de remplacer les énergies polluantes par les renouvelables. C’est confondre le symptôme superficiel et la racine du mal. Ce dont il s’agit réellement est le déséquilibre politique croissant entre la promotion économique et la protection sociale, développement au détriment de l’enveloppement, la liberté au mépris de l’amour.

Dans notre univers il n’est pas de corps qui puisse subsister s’il n’est protégé par une «peau» suffisante. Sans son atmosphère, le Soleil brûlerait notre Terre en quelques secondes. Or nous, les riches du G7, sommes en train de la «consumer», et nous avec elle. Tant que la transformation économique détruira la conservation sociale au lieu de s’équilibrer l’une par l’autre pour toujours mieux se régénérer l’une l’autre, nous courrons de plus en plus vite vers notre perte. La question n’est éthique que parce qu’elle est ontologique. C’est comme ça que ça marche… ou que ça foire !

Alors comment faire pour que les Chinois et les Indiens, près de la moitié de l’humanité, n’imitent pas notre fol égocentrisme de riches du G7? L’arche de Noé, après le nouveau déluge, contiendra-t-elle encore quelques singes parleurs capables de devenir humains, après la «première diminution de 95%» évoquée par Houellebecq dans son roman «Possibilité d’une Île»? Ces survivants auront-ils enfin compris que le réel mépris croissant du prochain, que ce prochain soit humain, animal, végétal, minéral, cet «autre» que notre «discours» affirme tant respecter, voire aimer, ce mépris croissant de la liberté pour l’amour n’est tout simplement pas viable dans notre univers? Parce qu’il est fondamentalement déstabilisant et donc létal.

En bref, Dieu (le Couple Créateur) n’est pas un imbécile, moins encore un créationniste velléitaire. Son univers, dès la première seconde, était en puissance, virtuellement, ce qu’il est devenu réellement depuis quatorze milliards d’années – un ensemble cohérent -, sans quoi il ne serait pas intelligible. Nous avons le choix entre devenir cohérents – dire ce qu’on fait et faire ce qu’on dit – ou disparaître. Inutile de souligner que pour l’instant, nous n’avons aucunement l’intention de nous amender, notre activité favorite étant, et de loin, de mieux mentir (pub, médias, factions politiques) pour mieux nous faire la guerre. On appelle ça compétition mondialisée … pour assurer le plein emploi … puisque détruire plus oblige à reconstruire plus … pour gagner plus … afin de détruire plus et plus vite encore … jusqu’à qu’il n’y ait plus rien à détruire … parce tout aura été globalement et localement … non point consommé, mais consumé.

Il faut trouver le moyen de rééquilibrer notre civilisation. Il faut trouver le bonheur autrement qu’en détruisant toujours davantage et toujours plus vite pour reconstruire lentement, péniblement et insuffisamment, prétendument pour assurer le plein emploi, celui de gens toujours plus stressés, dégradés et dégradants. En somme, il faudra consentir à devenir humains.

L’auteur a écrit le livre “La société de consummation – inhumanité croissante et sac de la planète”, Editions Slatkine (www.slatkine.com), 2007

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