Pascal Lamy veut sauver l’OMC, l’intention est honorable, mais l’ancien banquier français a-t-il vraiment les bonnes cartes en main? On peut émettre quelques doutes. Lui fait défaut une sincère volonté politique des pays industrialisés, d’abord. On sait que le gendarme du commerce mondial est une chasse quasi gardée des Etats-Unis, un pays qui, dans les faits, a déjà commencé sa campagne électorale en prévision des présidentielles de l’année prochaine. Or la période qui précède cet événement quadriennal majeur n’est pas propice à la prise de décisions fondamentales.
On se demande aussi comment le directeur général de l’OMC, malgré l’optimisme qui le caractérise, parviendra à démêler l’écheveau agricole. Les pays en développement aimeraient une réduction substantielle des soutiens internes et l’élimination de toutes les formes de subventions aux wp_postsations d’ici à 2013. Mais en Europe, les réticences demeurent grandes. En Suisse notamment, le lobby paysan plus remonté que jamais n’est pas mûr pour de grandes concessions.
Plus inattendu et insolite est le nœud du changement climatique. Les considérations environnementales prennent le devant de la scène et l’on voit mal le prochain président des Etats-Unis ne pas faire sien ce dossier jusqu’ici pour le moins sous-estimé. Or si, depuis Doha, les questions relatives au développement durable ont bien été intégrées dans les activités principales de l’OMC, l’application de ces directives laisse complètement à désirer.
Les observations menées par des ONG vertes montrent en effet que les règles du libre-échange et les accords internationaux sur l’environnement se révèlent même plutôt antinomiques. Pire, les normes de l’OMC rendent difficile et parfois même impossible la promulgation de lois gouvernementales permettant de contrôler la pollution et l’exploitation des ressources naturelles. Combien de bois tropicaux traversent par exemple les frontières au nez et à la barbe des statistiques douanières? Qui surveille ce trafic dévastateur pour l’équilibre des forêts poumons de la planète? Personne.
Commentaire paru dans “La Liberté” du 14 juin 2007
