Bové a gagné, le maïs aux OGM ne sera pas cultivé en France. Mais la victoire de l’éleveur français est provisoire. Dans quelques années, si tout va bien (ou mal, c’est selon), les organismes génétiquement modifiés finiront quand même dans les assiettes de nos voisins. Pas cachés, comme aujourd’hui, non, tout à fait officiellement. Bienvenue le porc cloné, bonjour le lapin transgénique!
La Suisse non plus ne pourra pas résister longtemps aux rouleaux compresseurs américain et chinois. Déjà le moratoire qui court jusqu’en 2010 ne la met pas à l’abri des essais en plein champ. La pression de l’industrie est trop grande. Les ténors de la chimie ne se trouvent-ils pas sur sol helvétique?
Nourrissants, fortifiants, antiparasitaires, voilà comment les prosélytes de la grande chimie nous vantent les OGM. On prétend même que ces derniers règleront le problème de la faim dans le monde. Mais le lait en poudre a-t-il changé la condition des malheureuses victimes de la disette?
Tant que la corruption et la prévarication règneront en ce bas monde, les OGM ne seront qu’un expédient utile à renflouer les indices boursiers où les titres de la chimie et de l’alimentaire règnent en maîtres. Ils rempliront les caisses des vendeurs de conserves mais hélas pas le ventre de milliers d’êtres humains coupables d’être nés du mauvais côté de la barrière.
* Editorial paru dans La Lettre hebdomadaire du Journal de Genève et Gazette de Lausanne No 35, du 17 au 24 janvier 2008