En 2002, on lui demandait déjà pourquoi il préférait le lourd défi de la direction générale de Credit Suisse à une retraite douce et tranquille. Il répondait alors: “Parce que Credit Suisse me motive, c’est la meilleure société que je connaisse”. Sept ans plus tard, Oswald Grübel va sur ses 66 ans et rempile mais à la tête, cette fois d’UBS, un paquebot qui fuit de tous les côtés. Maso, le papy?
Le choix du vétéran Grübel pour remplacer le quadragénaire Rohner illustre les profonds changements qui bouleversent la gouvernance d’entreprise depuis quelques mois. Aux flambeurs des années Madoff, on préfère désormais l’expérience, les valeurs sûres. Avant son départ en 2007, Grübel a travaillé 40 ans au Credit Suisse. Le redressement de la deuxième banque du pays, en 2002, s’est effectué sous son règne. Des centaines de postes en Suisse disparurent alors de l’organigramme. “Rohner est un garçonnet, Grübel une poigne. Quand un collaborateur ne fait pas l’affaire, il le vire”, souligne un façonneur d’image zurichois interviewé sur le blog d’un quotidien zurichois.
Le personnel est averti. Le nouveau PDG déclare vouloir réussir là où son prédécesseur a échoué: recentrer l’UBS sur la gestion de fortune, redonner confiance à une clientèle déstabilisée, celle qui, envers et contre tout, veut croire en l’indestructibilité du mythe UBS. Mais l’homme devra aller très vite en besogne car l’horloge tourne et de lourdes échéances attendent encore l’UBS.
Elles ne sont pas seulement d’ordre judiciaire. En sus de toutes les plaintes déposées en Suisse et aux Etats-Unis dans le dossier des délits fiscaux, la banque doit assurer le suivi de la crise des subprime, gérer les liquidités qui lui filent entre les doigts. Une nouvelle recapitalisation est possible. La question de la nationalisation reste à l’ordre du jour, celle du démantèlement de l’UBS, voire son rachat par un groupe étranger aussi. Enfin on ne peut pas vraiment exclure une fusion avec Credit Suisse, l’ancien employeur d’un certain… Oswald Grübel.
Espoir de l’UBS, sauveur du secret bancaire et restaurateur de l’honneur de la Suisse. Que demander encore à Oswald Grübel? Comme Obama, le banquier répond: “Yes I can!”…
*Commentaire paru dans “La Liberté” du 27 février 2009