L’actualité de la pensée de Marx, Weber et Kant


Le modèle allemand de «l’économie sociale de marché» a fait son temps tout comme le «capitalisme de casino» néolibéral que le G20 cherche à sauver contre vents et marées. Dommage que le dernier G20 n’ait pas saisi la chance historique d’aller au-delà d’une simple opération de «pompiers» et qu’il soit contenté de sauver les intérêts et structures en place.

Marx a fourni la meilleure analyse du capitalisme. Ses conclusions sur le rapport entre travail et capital ou la plus value comme «surtravail» non-rémunéré restent incontestées, tout comme sa notion fondamentale de l’interaction entre une infrastructure économique et une superstructure politique et culturelle. La quasi-faillite systémique du capitalisme après 20 ans d’existence «sans masque ni concurrence» (chute du mur et la «révolution de velours» en 1989) remet à l’honneur la pensée de Marx. Ainsi que celle des philosophes Weber et Aaron qui ont défini le capitalisme par la recherche d’un profit toujours plus grand et plus rapide. La dictature du marché a entraîné les mêmes conséquences négatives que la dictature du prolétariat. Ces deux échecs démontrent l’actualité de la pensée de Marx – et de philosophes comme Emmanuel Kant.

La période exige en effet que la réflexion porte sur une nouvelle voie qui doterait notre société démocratique d’une économie ancrée dans l’idée coopérative et participative de la propriété privée des moyens de production et sur la satisfaction des besoins réels de l’humanité. On pourrait ainsi proposer de mettre hors la loi les sociétés anonymes nées à la fin du 19ème et ne plus autoriser que des sociétés coopératives, en commandites, etc. Une telle mesure réduirait fortement les prises de risques excessifs (celles des banques, par exemple) et permettrait un fonctionnement d’entreprises libérées des pressions excessives du rendement et profit à court terme. Tout comme l’argent ne doit être qu’un moyen d’échange et non pas une fin, selon Kant, le profit et le capital, voire l’économie en soi, ne doivent et ne peuvent être que des moyens en vue de réaliser le plus grand bien pour le plus grand nombre.

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2 commmentaires à “L’actualité de la pensée de Marx, Weber et Kant”

  1. Isti 23 avril 2009 at 10:25 #

    Beau résumé. Je suis entièrement d’accord.

  2. Antoine 7 mai 2012 at 18:03 #

    “La soif d’innovations qui depuis longtemps s’est emparée des sociétés et les tient dans une agitation fiévreuse devait, tôt ou tard, passer des régions de la politique dans la sphère voisine de l’économie sociale. En effet, l’industrie s’est développée et ses méthodes se sont complètement renouvelées. Les rapports entre patrons et ouvriers se sont modifiés. La richesse a afflué entre les mains d’un petit nombre et la multitude a été laissée dans l’indigence”. Premières lignes de l’encyclique Rerum novarum Léon XIII 1891. La croyance s’oppose toujours à la raison au sein de nos sociétés. La raison est plutot gagnante en apparence mais est-ce raisonnable de penser la raison du réel sans la croyance. Question non de théologie mai de téléologie. Pourquoi ce débat ne pourrait-il pas plus se faire au niveau d’un individu ? Peut-être parce que l’on ne peut être convaincu de penser vrai et de penser faux en même temps.

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