La «NZZ» veut racheter la «BAZ»*


«Big» est-il toujours si «beautiful» pour Tamedia? Le géant alémanique pourrait subir un sérieux revers dans sa stratégie d’expansion tous azimuts si se confirmait la nouvelle selon laquelle son concurrent «Neue Zürcher Zeitung» s’apprête à rafler sous son nez la «Basler Zeitung», plus familièrement appelée la «BAZ» par les Rhénans.

Pourtant il y a une année encore, peu de gens n’auraient pas parié sur la réussite d’un raid de Tamedia en terre bâloise. Pietro Supino, patron de Tamedia, et la famille Hagemann qui contrôle la «BAZ» ne cachaient pas leur sympathie mutuelle. Pour reprendre une expression en vogue, le groupe zurichois était à deux millimètres d’emporter une proie prestigieuse mais mal en point.

Phase conclusive

Issue de la fusion, en 1977, du quotidien de la gauche libérale «National-Zeitung» et des «Basler Nachrichten» à tendance bourgeoise, la «BAZ» ne s’est jamais remise de l’aventure Jean Frey. Elle traîne comme un boulet les pertes subies par ce groupe de presse acquis en 1995 et revendu en 2002 au financier Tito Tettamanti. Le journal bâlois n’en garde pas moins de beaux restes comme l’atteste la présence en son sein de Publigroupe. La régie d’annonces détient 37% du capital de la «BAZ».

La décision n’est pas encore formellement prise mais dans les milieux bien informés de Zurich et Bâle on confirme que les négociations visant au rachat de la «BAZ» par la «NZZ» seraient dans la phase conclusive et pourraient aboutir avant la fin de l’année. Une perspective qui ne serait pas pour déplaire à l’effectif rédactionnel de la «BAZ». Avec une direction noyautée par un marketing puissant, Tamedia ne parvient pas à se défaire de la réputation d’un coupeur de têtes. La «NZZ», en revanche, se distingue par une culture d’entreprise plus respectueuse des valeurs journalistiques.

Toujours est-il que l’entrée de la «BAZ» dans le giron de la «NZZ» reviendrait à façonner une entité regroupant plusieurs journaux régionaux à l’intérieur d’un triangle s’étendant de Bâle à St-Gall et Lucerne, deux régions desservies par des quotidiens aux mains de la «NZZ». Le tirage global atteindrait 550 000 exemplaires contre 475 000 pour les titres de Tamedia.

Numéro un

De quoi rabaisser le caquet de Tamedia qui a beaucoup fait parler la poudre au cours des dernières années. En 2007, le groupe zurichois reprenait le bernois Espace Media, éditeur des quotidiens «Der Bund» et «Berner Zeitung». Puis, en mars dernier, il créait la sensation en s’emparant du géant lémanique Edipresse («Le Temps», «24 heures», «La Tribune de Genève», «Le Matin»), une opération qui devrait lui coûter 400 millions de francs.

Patron de Tamedia, Pietro Supino a-t-il eu les yeux plus grands que le ventre? Tel éditeur romand fait remarquer que s’il avait attendu un peu plus, il aurait pu sans doute profiter d’une moins-value causée par la crise. Une chose est sûre, ses réserves ont fondu d’autant, réduisant sa force de frappe.

Si le passage du fleuron bâlois dans le giron de la «NZZ» ne semble plus faire de doute, incertain est en revanche le sort d’un autre larron du monde des médias alémaniques, le groupe argovien AZ, propriété de la famille Wanner. La question qui brûle toutes les lèvres sur les bords de l’Aar est de savoir si la «NZZ» poussera la chansonnette jusqu’à reprendre l’«Aargauer Zeitung» dans la foulée. Si tel devait être le cas, les titres du groupe «NZZ» afficheraient un tirage global de 740 000 exemplaires, marquant un coup d’arrêt décisif à l’hégémonie de Tamedia.

*Article paru dans “La Liberté” du 4 décembre 2009

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