Le destin du «Nouvelliste» ne passerait pas (encore?) par une vente à l’ancien propriétaire du «Figaro», Philippe Hersant. Mais le sort du fleuron de la presse valaisanne sera de toute évidence fortement conditionné par un projet éditorial commun appelé à lier étroitement le «Nouvelliste» aux trois quotidiens du groupe Hersant, «L’Express» de Neuchâtel, «L’Impartial» de La Chaux-de-Fonds et «La Côte» à Nyon, ainsi qu’au «Journal du Jura» (Bienne) contrôlé par la famille Gassmann, proche de Hersant.
Ce projet a été annoncé le 11 mars 2010 à Neuchâtel aux employés de «L’Express» et «L’Impartial», comme nous l’ont confirmé plusieurs membres de la rédaction.
Plate-forme commune
Dans ces mêmes colonnes, nous avons utilisé récemment le conditionnel en anticipant la nouvelle selon laquelle une importante communication allait être notifiée le 11 mars aux employés du «Nouvelliste». Cette fois, le doute ne devrait plus être de mise, s’il faut en croire les informations parvenues de Neuchâtel. En les recoupant, on comprend que le projet concerne une plate-forme rédactionnelle commune pour les cinq quotidiens précités. Il s’agirait en gros de fournir des pages clé en main à chacun d’entre eux, donc un contenu uniforme.
On saisit aussi que les rubriques touchées devraient être celles appartenant à la partie généraliste des journaux, soit les rubriques Suisse, monde, économie et culture. En revanche, la matière régionale et locale serait épargnée et resterait du ressort spécifique de chaque titre. La forme graphique et éditoriale de cette plate-forme reste encore à inventer, mais elle serait dirigée depuis Neuchâtel, avec le rédacteur en chef Nicolas Willemin à la barre.
Dès l’automne prochain
Le projet prévoit un état opérationnel dès l’automne prochain, ce qui implique une certaine rapidité d’exécution. Les effectifs pourraient aussi subir des réaffectations, même si les dirigeants ne veulent pas parler de licenciements.
A Neuchâtel, des journalistes observent qu’ils ont assez «donné» lors des coupes sombres de l’automne 2008 qui avaient provoqué une grève très remarquée en Suisse. Ils signalent aussi qu’un projet éditorial commun mené depuis 2007 avec le «Journal du Jura» n’a pas provoqué de grands remous. Les réaffectations de postes ont pu se régler par la mobilité de journalistes basés à Bienne, par exemple.
Bruyante assemblée
Différente serait naturellement la situation avec un partenaire situé à plus de cent kilomètres de distance. Et les journalistes valaisans ne s’y trompent pas, qui, au soir du 11 mars, ont tenu une bruyante assemblée pour manifester leur très vive inquiétude. Autant dire que la colère monte à Sion.
Article paru dans “La Liberté” du 12 mars 2010