UBS: l’honneur est sauf *

Enfin un signe positif dans cette honteuse affaire UBS qui a entraîné le pays au fond du caniveau. En passant outre les ukases du gouvernement et des autorités de surveillance des marchés financiers, favorables à la décharge aux anciens dirigeants, les actionnaires d’UBS ont lavé la lâcheté des milieux pour qui le copinage de réseau prime sur l’effort de vérité.
Le vote d’hier est une splendide leçon offerte aux âmes sceptiques qui doutaient de la volonté des grandes caisses de pension de nettoyer les écuries d’Augias. Dans ce succès, nul doute que la pression venue d’institutions anglo-saxonnes a joué un rôle important. Tout comme l’esprit de vengeance qui anime une partie du personnel de la banque, détenteur de 8% du capital. Jamais à l’abri de nouvelles charrettes, les employés d’UBS continuent de payer au prix fort les errements de leurs anciens dirigeants.
Au-delà de la justice, c’est aussi la transparence, vertu élémentaire de la gouvernance d’entreprise, qui est gagnante. UBS, selon la formule consacrée, est peut-être trop grande pour être mise en faillite séance tenante. Elle est peut-être trop institutionnelle pour faire subir à ses ex-ténors l’humiliation de la tôle. Mais l’argument de la taille et du nombre de perles fichées sur la couronne est inopérant quand il s’agit de demander réparation pour les dommages subis.
L’heure des comptes a sonné pour Marcel Ospel et ses séides. Après le vote historique de ce 14 avril 2010, on voit mal le banquier bâlois échapper cette fois à une plainte civile, qu’elle émane de la direction d’UBS ou, ce qui est plus probable, d’une entité actionnariale.
L’honneur est sauf et c’est un minimum. Le refus de la décharge aux anciens organes d’UBS permet à cette dernière de négocier sans trop rougir avec les instances états-uniennes chargées d’appliquer les accords fiscaux. Mais elle n’enlève pas à la présidence actuelle son plus grand souci: l’exode persistant de la clientèle. UBS déclare sortir des chiffres rouges, le progrès est grand. Mais la banque n’a pas encore gagné la bataille de la confiance.

* Commentaire paru dans “La Liberté” du 15 avril 2010

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