L’éruption de l’Eyjafjöll est une chance pour l’humanité


Le nuage toxique provenant du volcan islandais Eyjafjöll représente une chance fabuleuse pour l’Humanité.

Nous (quand je dis nous, j’entends l’Humanité) avons les moyens d’éviter un pourcentage énorme de vols de l’aviation civile… Un désastre comme celui de l’éruption du volcan islandais pourrait nous pousser à adopter ces moyens.

J’ai donné récemment une conférence à Santiago du Chili. Avec la technologie moderne, je n’avais pas vraiment besoin de me déplacer. J’aurais très bien pu donner cette conférence depuis mon bureau en Europe.

De plus, les gens n’avaient pas besoin de se déplacer non plus! Avec mon fils et partenaire César, nous avons donné un cours sur la gestion des risques de 7,5 heures via WebEx en février… sans que personne n’ait eu à se déplacer…  N’importe qui pourra le réécouter… tant que nous ne déciderons pas que nous avons assez cassé les pieds aux gens… Par contre, pour donner un cours d’une matinée au Chili, j’ai dû me taper 18 heures de voyage à l’aller et 18 heures au retour, sans compter le décalage horaire ni des bonheurs de la classe business où, traditionnellement, nous avons le plaisir de constater que plus les gens sont importants et doivent arriver “frais et dispos” pour prendre des décisions importantes, plus ils avalent de l’alcool, et arrivent “pétés comme des phoques”. J’allais oublier ceux qui allument leur PC pour jouer au golf et au tennis virtuel et faire des notes de frais aussi longues que les frais sont inutiles. Ils se plaignent que dans l’avion il n’y a pas encore internet (probablement pour faire du Facebook à outrance, si tout va bien…). Heureusement que les portables sont interdits!

Nous avons les moyens de réduire considérablement les trafics de toute nature. Il suffirait de ne pas vouloir manger des asperges (péruviennes) tout l’hiver, des fraises (d’Israël) en décembre, du thon frais (en extinction, si possible chargé de mercure comme un thermomètre) tous les jours. Il suffirait de ne pas acheter de godasses de gym produites au Cambodge par des esclaves modernes, ni des jeans faits en Europe par des chinois travaillant en cachette dans des caves, et distribués ensuite sur tout le continent par camion.

Nous avons les moyens d’éviter de partir comme des hamsters dans une société nucléaire, où, forcément, nous aurons tellement peur de tout acte “terroriste” que nous ferons des procès d’intention, et sombrerons dans des sociétés de plus en plus policières….pour ne pas dire fascistes.

Nous avons les moyens de sortir MAINTENANT du syndrome de la croissance sans limites….

Nous….

Oui, mais le nuage part, revient et repart. Donc nous allons recommencer comme si rien ne s’était passé. BEAUCOUP DIRONT: Quel pied! C’est aussi magique qu’avec la récession globale!

Moi je dis: dommage! Surtout parce que lorsque le pétrole deviendra vraiment rare (son prix giclera pour des vraies raisons, et pas seulement du fait de la spéculation) il sera peut-être trop tard pour une transition sereine et paisible vers une société basée sur des valeurs plus saines. Tant pour nous que pour le monde.

Franco Oboni est consultant, spécialiste de la gestion des risques, président de Riskope International, Vancouver/Lausanne.

Illustration: Stephff

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