Banque nationale, des craintes d’inflation exagérées?


Pour son appréciation de la situation monétaire, la Banque nationale suisse (BNS) formule, tous les trimestres, des prévisions d’inflation sur trois ans.

PAR DANIEL LAMPART

Dans son appréciation de la mi-décembre 2010, elle s’attend à ce que l’inflation augmente de plus de 3 % jusqu’à la fin 2013, si elle ne relève pas ses taux d’intérêt. Ainsi, l’inflation dépasserait la limite de 2 % et la stabilité des prix – selon la définition qu’en donne la BNS – ne serait plus garantie.

Ces prévisions devraient cependant être trop élevées, si l’on tient compte de l’évolution toute récente du franc. En effet, à l’époque de ses prévisions, la BNS partait d’un cours du franc de Fr. 1,40 pour 1 euro et de Fr. 1.- pour 1 dollar américain (p. 39). Entretemps, ces cours sont passés au-dessous de Fr. 1,30/1 €, respectivement Fr. 0,95/1 $, le franc s’étant de fait apprécié de plus de 5 %. Selon les modèles appliqués par la BNS, cela signifie que le niveau des prix doit être d’environ 0,5 % inférieur à cause de l’appréciation du franc. Si l’on tient toutefois compte du fait que la hausse de la TVA au 1er janvier 2011 s’est répercutée sur les prix, le niveau de ces derniers devrait alors avoir augmenté de près de 0,3 %. Si l’on tient compte de ces facteurs, l’évolution des prix est alors plutôt négative.

La hausse du prix du pétrole ne représente guère un danger pour la stabilité des prix. Il s’agit d’une hausse de prix d’un groupe spécifique de produits. La pression sur les prix entraînée par la force du franc et la sous-utilisation des capacités au plan international ne vont guère permettre d’effets décalés. En effet, dans ce contexte, les entreprises n’ont pratiquement aucune marge de manœuvre pour augmenter les prix.

Les prix à l’importation ont baissé en janvier 2011, en raison de la force du franc ; cela, à l’exception des groupes de produits « pétrole », « métal », « alimentation », qui sont influencés par la hausse des prix globaux des matières premières. C’est par exemple le cas des technologies de l’information et de la communication (IT), des machines, du papier, etc.

Si le franc reste fort, les prix resteront sous pression. Dans les faits, le risque de déflation est toujours et encore plus grand que celui d’inflation.

L’auteur est économiste en chef de l’USS. Article tiré de son blog.

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