La rage, ennemie éternelle de la raison

Il y a des personnes qui ont choisi de penser tout bas ce que d’autres hurlent.

PAR DAVID MARIN

Elles reconnaissent leurs instincts de rage, leurs pulsions de vengeance, mais les transforment et les trient avec le tamis rationnel. Il y a des personnes qui ont le courage de ne pas museler ni leurs émotions ni leurs sentiments, mais qui empêchent leur indignation ou leur révolte de se transformer en violente fureur. Il y a des personnes qui ont le courage de s’interroger en soi ou qui partagent leurs doutes les plus sombres et les questions qui les torturent sans pour autant prendre l’autre à la gorge.

Il y a des personnes qui ont le courage de ne pas utiliser la raison et la pensée pour s’interdire toute vague sentimentale ou réaction émotionnelle puisqu’ils reconnaissent que celles-ci leur indiquent un cap, une direction à suivre. Il y a des personnes qui ont le courage d’afficher leur indignation, le scandale qui les inonde, la commotion qui les envahit, les mains qui tremblent, mais qui n’étranglent ni l’action ni l’opinion de mots, de propos et de gestes brutaux, insultants et parfois abjects.

Bien souvent ces personnes sont réduites au statut impalpable de majorité silencieuse. En réalité, celle-ci aussi est l’expression de leur courage, vu qu’elles persévèrent à ne pas se laisser emporter par une vague hurlante. Une marée hargneuse, sans pudeur, qui démolit tout lors de son passage; composée de brutes qui prétendent dire  tout haut ce que tout le monde pense tout bas, mais qui prennent en otage la pensée des autres et surtout leurs choix.

Et c’est en ce sens que la raison et la pensée se révèlent nos plus précieux instruments. Il n’est pas question – encore une fois – de réduire les passions, la ferveur, la tristesse ou toute autre émotion à un frein de l’envergure humaine, mais de réaffirmer qu’à l’aide de ces instruments nous conduisons notre développement. Il s’agit d’une affirmation ferme, intransigeante, inflexible. Une brèche, une fissure, une déchirure sont inévitables. Cependant, ne pas recoudre avec le fil de la raison et de la pensée signifierait laisser les plus bas instincts s’infiltrer, grossir, s’amplifier, acquérant un volume et un poids qu’il serait ardu – alors – de freiner.

Article paru dans “un ristretto!

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Un commentaire à “La rage, ennemie éternelle de la raison”

  1. Arnaud Régis Childéric 19 septembre 2013 at 10:57 #

    La poubelle, une grâce. Depuis sa rencontre, je ne me passe plus de l’utiliser et de la réinventer, étant parfois bouteilles, mais le plus souvent, une forme de tri des déchets. Je suppose qu’il y’a des classes et des puissances, mais chaque récipient est à mon sens et parce que la faiblesse m’envahit souvent lors de quelques comparaisons. Sirotant actuellement une vulgaire bouteille, en répétition, de “Weisswein”, je ne puis me laisser abattre par la comparaison. La rage, elle est intérieure. Et n’engendre que peu de blessures, sinon en l’être. Bien que je ne connaisse ce David Martin, et l’avalement voire la gloutonnerie me poursuivant, je ne peux que te répugner, David. Cette vague poèsie, qui ne vaut sans doute que peu de choses, sinon des recherches vaines, puissent-elles égayer ce blog et sa teneur, digne.

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