Les Romands sont indubitablement attachés à leur service public audio-visuel.
PAR ALAIN MAILLARD
On le mesure et on le sent bien quand on y travaille. Ils comptent dessus, ils ne voudraient pas le perdre. Il peut les irriter parfois, mais il fait comme partie de la famille. Le seul gros défaut qu’on lui trouve, c’est son prix. Et ce qui est frappant chez les opposants, c’est la part prédominante de l’idéologie dans leurs arguments: il faut limiter l’Etat et favoriser la concurrence, voilà tout. On ne dit guère que la SSR fait mal son travail, on dit surtout qu’elle prend trop de place.
Mais en quoi doit consister son travail? C’est là que deux visions du service public vont s’affronter l’an prochain: la vision large de la SSR, qui veut continuer à proposer un menu complet d’informations et de divertissements pour préserver sa position dominante; la vision étroite qui considère que le public doit faire seulement ce que le privé ne peut faire. Jamais ce débat de fond n’a vraiment eu lieu en Suisse, et il est difficile de prévoir ce que ça va donner.
De ce point de vue, on peut se demander comment ont été pensées les coupes annoncées dans les programmes de la RTS. Pourquoi décider maintenant de réduire presque de moitié le budget des émissions religieuses, dont seul le service public peut assurer l’existence, mais de préserver le sport? Est-ce ainsi que le service public veut donner amadouer ses adversaires, en coupant là où sa fonction est évidente, dans la musique, dans la production de fictions locales? Et non dans des retransmissions sportives coûteuses et relevant moins de sa spéficité?
Peut-être s’agit-il justement pour la SSR de lancer un signal d’alarme: voilà où ça mènera de nous réduire. On peut douter que ce calcul fera changer d’avis ses opposants. Est-ce ainsi que la SSR veut amadouer ses adversaires?
L’auteur est rédacteur en chef du magazine des médias EDITO-Klartext dans lequel est publié cet éditorial.