Le Royaume-Uni doit-il quitter l’Union Européenne?
PAR ALBERT EBASQUE
Cette dernière serait-elle alors affaiblie? Ces questions et bien d’autres vont animer de nombreux débats d’ici au référendum prévu le 23 juin. Deux personnalités domineront les débats: David Cameron, premier ministre, favorable au statu quo et l’ineffable Boris Johnson, maire de Londres, partisan plus ou moins surprenant et inattendu d’un départ vers le grand large…
Mais le Royaume-Uni a-t-il jamais vraiment fait partie de l’Union Européenne? Du Général De Gaulle à Margaret Thatcher, les crises furent nombreuses dans l’histoire des relations entre ces deux entités. Les Britanniques ont toujours eu un pied dedans et un autre dehors. Ils ont toujours revendiqué et souvent obtenu un statut à part et regardé davantage outre-Atlantique qu’outre-Manche. Pour des raisons à la fois culturelles, économiques, historiques et géopolitiques, ils ont du mal à assumer une « européanité » qu’ils refoulent dans leur inconscient collectif. En outre, ce que les sociologues appellent l’endomorphisme insulaire accentue ce sentiment de ne pas être comme les autres. Bref, nos voisins britanniques cultivent volontiers cet esprit qui fait d’eux des européens à part.
Car en réalité ce n’est que quand ils le dominent et le dirigent qu’ils sont d’accord pour faire partie d’un ensemble comme le Commonwealth ou bien feu le British Empire. Sinon, aucune chance de les voir participer à un groupe où les décisions sont prises ailleurs. Mais il faut bien mesurer les conséquences d’un Brexit car il n’est pas certain que la place financière de Londres s’en remette facilement. Avec cette dernière il y a en fait deux pays en un seul et si la City perd certains avantages, le reste du territoire en pâtira d’une façon ou d’une autre. Et il n’est pas certain que l’homme de la rue s’en rende bien compte. Quant à Boris Johnson et son ego surdimensionné, un seul objectif en vue: devenir le prochain Premier Ministre.
Quel est le projet des partisans d’un Brexit? Les choses ne sont pas claires ainsi que se plaît à le rappeler judicieusement David Cameron. Leurs arguments sont plus négatifs que positifs avec la complexité de la machine bruxelloise, les inconvénients d’une gestion à vingt-huit et les coûts pour la contribution au budget européen. Bref, rien de nouveau par rapport à ce que nous connaissons du village européen. Mais s’il faut certainement en améliorer le fonctionnement, faut-il pour autant le quitter? Ce saut dans l’inconnu présente un certain nombre de risques – à la fois pour l’Union Européenne et pour les sujets de Sa Gracieuse Majesté. Seule une analyse précise, rigoureuse et objective des avantages et inconvénients de chaque option permettra de se faire une opinion. Mais au-delà d’une telle analyse prospective sans doute compliquée à établir, le citoyen britannique devra le 23 juin se poser une question simple en son âme et conscience: notre avenir sera-t-il plus prospère et plus brillant seuls qu’au sein de l’UE?
En attendant, le maire de Londres a trouvé un os à ronger pour les trois prochains mois. Boris n’est pas méchant; il est juste excentrique et brillant par certains côtés. Dommage qu’il ne mette pas ses nombreux talents au service d’une cause plus glorieuse que celle de quitter une communauté qui a mis tant d’années à se construire patiemment. Enfin, dernière hypothèse, on peut imaginer que David et Boris se sont sciemment réparti les rôles: l’un joue le «bad guy» et l’autre le «good guy». Un moyen comme un autre de faire monter la pression sur Bruxelles et sur le débat de ces prochains mois. Surprising, isn’t it?
Excellente analyse, brève, mais « to the point »…L’éloignement de la Grande-Bretagne de l’UE permettra à cette dernière de se réinventer. Alors seulement, la Grande-Bretagne, comme la Suisse, trouveront la nouvelle UE suffisamment attractive pour y adhérer.