L’histoire folle de Michel et Alexandre Imhoff ou quand le rêve philippin vire au cauchemar

Témoignage d’un Morgien qui assiste, impuissant car sans soutien, au déclin de son père. Ce dernier pensait vivre sa retraite dans un paradis. Il vit l’enfer aux Philippines.

PAR SAMUEL WAELTI

«Mon seul désir est que mon Papa puisse partir dignement.» Pourtant, alors que son père lutte contre la maladie, Alexander Imhoff 33 ans, directeur artistique, se bat pour que ce dernier ne soit pas abandonné à son triste sort.

C’est aux Philippines que son père, Michel Imhoff, est parti il y a 7 ans pour faire de cet archipel sa dernière escale. Avec son AVS de 2200 francs, il s’est offert un petit coin de paradis. Huit mois plus tard, le rêve vire au cauchemar. Le verdict est lancé, Michel Imhoff est victime du syndrome d’Alzheimer. « A ce moment là, j’ai fait ce qui me semblait le plus sensé, confie Alexander, toute la famille de ma mère habite les environs, j’ai donc contacté l’un de mes oncles qui accepta de le prendre en charge. »

Mais la situation se complique. A travers leurs échanges sur webcam, il comprend que la santé du retraité se dégrade anormalement. Un doute qui s’embrase lorsque la famille du trentenaire, sous prétexte d’urgence, réclame des sommes de plus en plus importantes et ce, malgré des versements réguliers de sa poche.« Cela me semblait louche, je me suis donc renseigné auprès de mes connaissances et j’ai très vite compris que mon père était la vache à lait du village. Ils prenaient l’argent et faisaient le strict minimum, le laissant dans une sorte de cabane miteuse au fond de leur jardin. »

Alexander réagit immédiatement et contacte l’ambassade suisse. Mis à part le numéro de téléphone d’un médecin reconnu par cette dernière, elle ne peut rien fournir de plus. Ainsi donc le professionnel de la santé, après plusieurs allers-retours aux frais du jeune homme, confirme ses doutes. Pire, l’avis médical est critique : problème de prostate, crise de démence et stade d’Alzheimer avancé, le patient ne peut rester dans ces conditions. Malheureusement, le médecin est dans l’incapacité de transporter le vieil homme dans cet état. Afin de pouvoir le déplacer dans un lieu adéquat, il prescrit à la belle-famille un médicament pour stabiliser son état.

Le remède ne sera jamais administré: « ma famille a très bien compris que s’il le donnait, mon père partirait.» Son paternel devenait alors otage de sa situation et de sa belle famille. Une nouvelle fois, le directeur artistique contacte l’ambassade, elle reste de marbre.

Après s’être battu contre vents et marée, Alexander est dans une impasse totale. Pour corser le tout, là où réside son père, une alerte cyclone est lancée. Contre toute attente, c’est le vent qui, cette fois, tourne enfin en leur faveur. Le cauchemar cyclonique qui a ravagé une île à 15 kilomètres de celle où vit le retraité s’avère un miracle. « Les lieux sont évacués par l’ambassade et mon père retrouvé. Elle m’a immédiatement proposé de l’expatrier sur Manille.»

Le calvaire aurait pu prendre fin. Malheureusement, l’état de santé du vieil homme, de plus en plus critique, exige une hospitalisation avant le retour sur  Manille. Cette fois-ci pas de soutien providentiel à l’horizon, la prise en charge financière incombe au fils: 4000 francs.

Grâce à une procuration sur les biens de son père, Alexander décide donc de payer les frais médicaux par le biais de la pension AVS. Stupéfaction: le compte est vide. Dans l’incompréhension la plus totale, il demande des explications. Depuis 6 mois, l’AVS ne verse plus de pension à Michel Imhoff car son épouse a demandé le divorce: l’organisme compense de la sorte un trop perçu. En effet, l’allocation de Michel est passée de 2200 francs à 1900 francs.

Démuni, Alexander cherche avec détermination l’organisme pouvant lui porter main forte. Mais sans succès. « Entre les associations qui se renvoyaient la balle et les réponses négatives, je devenais fou. L’aide sociale de Morges m’a carrément répliqué : votre père est parti aux Philippines, qu’il assume sa décision. »

Entre temps, Michel Imhoff a pu être installé dans un hospice à Manille. Bien que la situation se stabilise, la pression ne se relâche pas pour autant. Les frais mensuels de la maison de retraite excèdent de 300 francs la pension AVS. Le jeune homme tire les cordons de sa propre bourse. »Pour moi le problème n’est pas de subvenir à ses besoins, si mon père doit être hospitalisé, ce sera à ma charge. »

L’Etat de santé du vieil homme permet difficilement un voyage vers la Suisse, ce serait trop onéreux. Imhoff fils, bien qu’il l’ait fait une fois, ne peut se permettre des allers-retours continuels vers les Philippines, pas plus qu’il ne pourra soutenir financièrement les hospitalisations qui se répètent. En Suisse, toutes les portes se ferment. Ni les services sociaux, ni l’assurance maladie, ni l’ambassade ne peuvent lui venir en aide.

Malgré quelques accalmies, la situation s’est encore détériorée pour Alexander Imhoff et son père. Le jeune homme ne sait plus à quel « saint » se vouer puisque semble-t-il, notre pays ne prend pas soin de ses nationaux hors-sol. Encore moins quand ils ont l’audace, comme semblent l’avoir suggéré les services sociaux, de dépenser leur AVS en territoire étranger.

Que se passerait-il s’il nous arrivait malheur loin de chez nous? Si nous tombions gravement malade et que, pour corser l’affaire, nous étions séquestrés? C’est l’histoire folle qu’a vécu le père d’Alexandre Imhoff. Pour l’heure, après six années de rebondissements divers et un cyclone, elle n’a toujours pas trouvé de conclusion. Les deux hommes sont livrés à leur terrible sort.

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2 commmentaires à “L’histoire folle de Michel et Alexandre Imhoff ou quand le rêve philippin vire au cauchemar”

  1. Pierre Adler 10 septembre 2017 at 18:51 #

    En revanche, aux faux réfugiés, opportunistes économiques et autres envahisseurs extra-européens de notre pays, notre gouvernement a des fonds à go-go à distribuer.

    Voir par exemple:

    « Les requérants d’asile et les personnes admises provisoirement ne seront plus obligés de reverser à la Confédération 10% de leur rémunération durant maximum 10 ans pour rembourser les frais induits par leur procédure d’asile. … Avec la suppression de la taxe spéciale sur le salaire, la Confédération verra ses recettes nettes diminuer d’environ 3,6 millions de francs. »

    Donc, 3,6 millions en faveur des envahisseurs de notre pays, mais pas un triste centime pour le père de Monsieur Imhoff.

    Autre exemple:

    Notre pays a maintenant accueilli au moins 25.000 Erythréens. La grande majorité de ces gens sont des hommes qui ne travaillent pas, ne s’adaptent pas, n’apprennent pas une de nos langues nationales, vivent d’aides sociales ou de trafics de toute sorte (dont le trafic de drogue), et resteront à la traîne de l’Etat pour le restant de leurs jours (ils n’ont pas les formations nécessaires au travail requis dans les pays industrialisés avancés, donc à systèmes complexes exigeant des connaissances et des savoirs que ces personnes n’ont pas; naturellement, ils refusent de faire des travaux humbles: ils s’imaginent tous informaticiens). Il n’y a pas de guerre dans leur pays d’origine. Ces personnes reçoivent aussi des fonds de l’Etat pour aller passer des « vacances » en Erythrée.

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    Samuel Waelti 12 septembre 2017 at 14:13 #

    Navré Mr. Adler, vos propos sont hors sujet.

    Je ne fais que de mettre en évidence l’inaction des organismes suisses face à la détresse de l’un de leurs citoyens.

    Dédouanner notre système en pointant la générosité de notre politique d’accueil est à mon goût, grotesque. L’immigration nous profite, je cite : « Depuis 2002, la croissance de la population immigrée a contribué de 0,5 point de pourcentage à la hausse de 1,9% du PIB annuel » ( https://www.letemps.ch/no-section/2014/01/12/eldorado-migratoire-suisse ). Je ne dis pas pour autant que le profiteur n’existe pas.
    Selon moi,il porte simplement mieux le costard que caleçon et le marcel délavé. Dois- je vous rappeler que les 300 plus riches de Suisse se partagent une fortune de 627 milliards de francs, comparé au PIB de la Suisse « 815 milliards de francs suisses » le chiffre fait peur.( http://www.arcinfo.ch/articles/suisse/classement-des-300-personnes-les-plus-riches-de-suisse-301478).

    Sachant que 55% du revenu d’une personne adulte va à l’état, je doute fort que leur taux d’imposition soit équivalant pour ses multimillardaires, et une fois de plus ce sont les moins bien lotis qui paient pour … les moinsbien lotis.

    L’argent, est là. Et les possibilités de soutenir des personnes comme Mr. Ihmoff existent. Il s’agit uniquement de mauvaise foi et non d’une cause mal dirigée.

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