Comme prévu, le module de service flanqué sous la capsule Dragon est arrivé à la Station spatiale internationale (ISS) le 4 avril 2018 à 12h40 (heure suisse), saisi par le bras robotique de la plateforme orbitale.
PAR ROLAND J. KELLER
Les astronautes ont donc pu commencer à déplacer les 2,6 tonnes de ravitaillement en nourriture et expériences, qui visent notamment à étudier les orages, les traitements anti-cancer ou encore la fameuse récupération des débris en orbite. Il s’agit donc du satellite d’un mètre cube, RemoveDEBRIS, qui sera déployé ces prochains jours via le système NanoRacks Kaber, pour mener une série d’expériences de démonstration des technologies rentables utilisables pour observer et capturer les débris spatiaux. Lire ma précédente news : cliquez ici – ou encore : click here
Par l’entremise du CSEM (Centre Suisse d’Electronique et de Microtechnique), la Suisse prête donc ses yeux à cette mission. Ce projet européen lancé dans le cadre du programme FP7 rassemble dix partenaires, dont le CSEM, basé à Neuchâtel. « Nous sommes convaincus que les solutions que nous allons tester pourront offrir une réponse au problème des débris spatiaux » explique le professeur Guglielmo Aglietti, directeur du Surrey Space Centre (UK) qui coordonne le projet. Parmi ces solutions : la capture de débris grâce à un filet ou par harpon. Pour visualiser la cible, le système de vision utilisé est primordial. Composé principalement d’un LIDAR « Laser Detection and Ranging » permettant d’obtenir des images 3D et d’une caméra couleur, celui-ci a été développé par le CSEM, en partenariat avec Airbus et l’INRIA. « Grâce à ce projet, nous avons acquis des compétences de pointe dans une technologie à fort potentiel » se réjouit Alexandre Pollini, responsable du projet au CSEM. Utilisé pour les véhicules autonomes terrestres ou spatiaux, ce type de LIDAR offre aussi des perspectives intéressantes pour l’atterrissage précis de sondes d’exploration spatiale ou pour des rendez-vous orbitaux automatiques.
Le projet européen RemoveDebris représente la première mission européenne concrète visant à tester ce type de solution en orbite. « Outre cette stratégie de développement, l’innovation majeure pour le CSEM est cristallisée dans le « flash imaging LiDAR » de l’unité VBNS (Vision- Based Navigation Sensor). Celui-ci génère des images 3D sur la base de la mesure du temps de vol de photons émis par sa source laser. Le déphasage entre le signal modulant le laser et la modulation du signal reçu par réflexion depuis de faux débris permet une mesure indirecte du temps » ont confié Alexandre Pollini et Christophe Pache, concepteurs de l’unité VBNS au CSEM dans le mensuel Swiss Engineering RTS. Son utilité ne se limite pas au domaine du spatial, car ses caractéristiques sont aussi intéressantes pour le prometteur domaine des véhicules autonomes, qu’ils soient terrestres, aériens ou sous-marins.