Tribune libre – Macron et la dictature


Le président Macron, ce pur produit de l’aristocratie d’État française, a fait tout récemment une déclaration selon laquelle « … s’est installée dans notre société, et de manière séditieuse par des discours politiques, l’idée que nous ne serions plus dans une démocratie… » (Radio J , 23.1.2020) Il poursuit en disant : « … Une dictature, c’est un régime où une personne ou un clan décident des lois. Une dictature, c’est un régime où on ne change pas les dirigeants, jamais. » (France Info).

Le pouvoir fait perdre la tête à ceux qui l’exercent. D’autant plus vite que ce pouvoir n’est entravé par aucun contre-pouvoir réel, aucune obligation de respect envers le peuple. Ce qui est le cas de la présidence française sous la 5e République finissante. Macron, superbe « bête à concours », produit typique de l’ENA, espoir des classes élevées, échantillon de cette petite caste qui contrôle tous les pouvoirs réels – c’est-à-dire les fonctions politiques, les postes d’autorité dans les médias et dans les cercles dirigeants des grandes entreprises du capitalisme à la française – en fait donc la démonstration.

L’homme n’a jamais réellement fait de politique. Il ne s’est à aucun moment vraiment frotté à l’électeur. Son seul mérite fut d’avoir joué d’un faisceau de réseaux de pouvoir au sein de l’appareil de la République pour s’imposer comme meilleur candidat de l’oligarchie, au détriment de François Fillon, à l’instant décisif d’une élection présidentielle. Pour le reste, porté par une impressionnante vague médiatique, il triompha sans peine du rouge Mélenchon et de la brune Le Pen. 

Emmanuel Macron n’a pas le sens du peuple. Il ne sent pas le vent. C’est une chose que ses professeurs de l’ENA ne pouvaient pas lui apprendre.

Il ne se rend pas compte qu’il n’a été élu que par un peu plus de 10 % du corps électoral ; qu’il fait partie d’une classe sociale et politique – le social-libéralisme qui truste le pouvoir depuis le départ de de Gaulle -, qu’il est le pion d’un clan. Le président Macron ne voit pas que son pouvoir, désormais, ne tiens que par la diligence de la police, qui cogne, gaz, mutile et crève des yeux de citoyens chaque semaine. Son gouvernement, de par la grâce de la constitution (révisée) de la 5e République et de par les effets des mesures de sûreté et de contrôle policier accumulées en France depuis le coup d’État de Louis Napoléon Bonaparte, est descendu au niveau d’un régime policier. Vous en doutez ? Imaginez que BAC et CRS se retirent des rues de Paris l’espace d’une semaine. Résultat ? La prise des ministères et de l’Élysée par les manifestants. La Révolution.     

Macron ne comprend pas que son régime commence, aux yeux du peuple, à ressembler à une dictature, la dictature d’un clan, un système politique dans lequel on ne change jamais les détenteurs du pouvoir. 

Bernard Antoine Rouffaer, Jongny

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