Lettre de Lima – Coronavirus, le Pérou se calfeutre


La pandémie du coronavirus affectait 86 personnes le 16 mars au Pérou. Les mesures décrétées dimanche par le gouvernement sont pour le moins draconiennes, avec la fermeture des frontières terrestres et maritimes, celle des écoles et universités, la suppression des vols internationaux… Quant aux bars, restaurants, cinémas et tout ce qui sert à la détente, ils ont descendu leurs stores jusqu’à nouvel avis. Pour une quinzaine de jours au moins, le Pérou vit en état d’urgence.

Même si le Pérou compte près de 20 fois moins de cas qu’en Suisse, et ne déplore pour l’instant aucune victime, les mesures prises dimanche soir par le gouvernement ressemblent fort à celles qui affectent les Suisses… sauf que dans ce pays sud-américain, le chômage, partiel ou non, n’est pas pris en considération en termes de compensation financière. 

C’est peu dire que des dizaines et des dizaines de milliers de Péruviens se retrouvent aujourd’hui deux fois pénalisés. Et ce n’est pas l’annonce de l’aumône – comment la qualifier autrement – consentie par le président Vizcarra pour les familles « en situation de vulnérabilité », autant dire des millions de personnes qui se verront octroyer 380 soles, soit un peu plus de 110 francs, qui changera grand chose à cette précarité. Encore faut-il qu’elles prennent connaissance de leur droit à toucher cette manne étatique. Ce qui est loin d’être évident!

Partout à Lima, les supermarchés sont dévalisés par les citoyens suffisamment à l’aise financièrement pour faire leurs réserves. Les étals se vident. La peur de manquer, y compris de papier de toilette, s’est emparée des gens, même si, les autorités l’affirment tout au moins, le pays ne souffre d’aucun problème d’approvisionnement. Les commerçants aigrefins qui abondent au Pérou aussi en profitent pour augmenter leurs prix. Au détriment des plus vulnérables, financièrement s’entend.

Bref, l’irrationnel accompagne aujourd’hui le mouvement de panique, attisé en grande partie par des médias qui en profitent pour faire de l’audience. Du déjà vu, certes, contrairement à la décision effarante sinon scandaleuse prise par les autorités du district résidentiel de La Molina de fermer ses frontières dans le but de préserver ses habitants. Des résidents qui, dit en passant, appartiennent en grande partie à la classe privilégiée limeña. Des fois qu’un pauvre leur refilerait le virus…

Pierre Rottet

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