C’est 17h à Satigny, le mardi 14 septembre et je surfe sur les annonces de spectacles, malheureusement pour moi tous sont « seringués » donc inaccessibles. Apparait alors sur mon écran « Carmen l’Audition », en plein air, gratuit et tout public. Carmen va donc chanter pour moi et pour tous, à l’air libre sur la belle esplanade de la mairie de Bernex. C’est « complet » mais, qu’importe, je saute dans deux bus et en pressant le pas, j’arrive sur la place. Accueillie par le Directeur de l’Audition, qui me demande si je suis Carmen. Hélas, non, mais je viens au spectacle et cherche une place.
Sitôt entendu, une dame m’aborde et me propose d’emprunter son nom pour la place vacante disponible pour moi.
Ravie, je m’assieds au premier rang et observe le décor aux rideaux ocres, montés sous un ciel, sans pluie ni billetterie ; généreux cadeau offert à tous par le théâtre Kléber Méleau de Renens Malley (dir. Omar Porras) associé au théâtre de Carouge. A ce spectacle ouvert, on y entre, libre, petits et grands venant soit de Bernex ou de plus loin.
Par les coulisses, arrive la balayeuse, elle s’en prend à notre poussière et celle du lieu, elle monte et frotte avec vigueur les échelons d’une échelle, secoue sur tous son torchon rouge avec sa généreuse récolte. Puis, elle nettoie avec application le dos de sa harpe, monte sur ses pointes de ballerine pour s’en prendre à nos pieds sales. Par son regard noir, acéré qui traverse son masque, elle nous dévisage sévèrement. Puis j’entends le cri aigu du clown-géant-aux-grands-panards qui passe et repasse dans le public ; il choisit ceux à désinfecter et à asperger. Sur scène, le chef d’orchestre, pianiste, fait tranquillement ses gammes avant de nous entraîner sur l’air du toréador. Ainsi s’ouvre l’ Audition avec son Directeur très nerveux car il ne lui reste plus que quelques jours pour trouver Sa Carmen, avec nous ou avec sa troupe endiablée.
Mais c’est une Carmen-rock, qui plongera le Directeur dans le désespoir tandis que le public s’enrôle et applaudit.
Soudain…. silence, alerte, sirène, et fumée sur le rideau où s’est fixé l’écriteau « fermé ». Voilà, le virus a frappé, tout est anéanti, vidé et les pleurs diffusent.
Sur ma chaise, notre dure actualité m’envahit, elle sera vite dépassée par ma grande gratitude d’être ce soir, en plein air, au spectacle, espérant au futur, avec ma résilience voir encore et en toute liberté d’autres spectacles.
La suite, de l’Audition se continuera avec la Carmen enfin trouvée et les voix des solistes ; les marionnettes termineront en gaité et pluie de confettis par le bel l’élan spontané sur pied de l’ovation du public admiratif et reconnaissant
Claire-Dominique Olgiati-Des Gouttes, Genève