En hommage à Carl Gustav Jung (1875-1961)


PAR MARTIN DE WAZIERS

Si j’étais trop jeune pour le rencontrer, j’aurais tant voulu car je dévoue à mon maître une vie de recherche, d’analyse et de découvertes tellement spectaculaires que j’en pleure de joie ! Je commencerai donc par lui dire un grand merci pour les éclairages qu’il a fournis à l’homme dans toutes ses dimensions. De la matière à l’indicible, du psychique au quantique et de la compréhension au mystique absolu, Jung est un tout qui n’a cessé de déchiffrer l’ombre !

Merci aussi à Frédéric Lenoir, grand érudit, ex-rédacteur en chef du monde des religions, qui nous livre un pensum résumé de toute son œuvre : Jung, un voyage vers soi (Albin Michel). Une nouvelle vision de l’univers, une interconnexion constante entre matière et esprit, un nouveau langage de l’âme : synchronicité, attraction, affinités… tels sont les fondements de ce que l’expert de la conscience et de l’inconscient nous aura laissés après 86 ans de quête.

De Spinoza à Jung et Pauli, on saute les siècles qui ont succédé à la Renaissance mais on peut employer ce même terme car tous trois sont en avance sur leurs temps respectifs et se suivent dans l’intuition et la clairvoyance sur l’homme. Tous trois incompris et solitaires vont succéder à Descartes qui le réduit à ‘raison et intellect’, plutôt que lui donner une vision holistique (de holos, entier) qui unit trois dimensions, physique, psychologique et spirituel.

Quant à la religion qui émane de la spiritualité fondamentale, Jung ne la renie nullement mais la remet à sa place, celle de relier des pans de l’humanité avec dogmes et rites. Lui est empiriste et exégète (une autre façon de comprendre la religion) ; il est intuitif, mystique et poétique, il crée de ses pensées et ne veut pas réduire la psyché à l’enfance et à la libido de Freud dont il est élève 10 ans avant de faire sécession. Il est d’abord et avant tout… libre !

D’origine germanique, il est suisse, passé par Bâle, et un vrai Zurichois. Il est le vrai père du développement personnel. Il irrigue la culture progressiste anglo-saxonne dont j’ai bénéficié. L’âme permet la réalisation de soi, ce qu’il appellera l’individuation. De la dialectique du MOI et de l’inconscient personnel et collectif, il développe pensée, sentiment, sensation, intuition, ainsi que symboles et archétypes. Père de la psycho-généalogie, il nous pousse à accepter.

La symbiose est totale car il unit les opposés, les polarités, les contraintes, tous les courants d’humanité de l’alchimie à la limpidité, tout en reconnaissant la dichotomie qui nous travaille. On ne peut conscientiser le bonheur qu’en vivant le malheur, le bien vs le mal, la lumière vs l’ombre… C’est en passant par ces opposés que l’on peut découvrir la vraie vie, celle qui va nous amener, à force de travail sur soi, à la découverte de ce que nous sommes, persona !

Personnalité, un mot bien commun qui vient du latin ‘per sonare’, le masque de théâtre des Etrusques qui avaient découvert le mégaphone avant les manifestations 20 siècles plus tard. Nous en avons des milliers chacun même si l’on peut réduire les principales à un orchestre symphonique de 80 instruments; bonheur de les découvrir, les reconnaître et les apprécier. Mais c’est aussi l’âme dans son intégrité : animus masculin ou anima féminine, un tout UN !

Quête du héros qui se bat contre les blessures de la vie, anticipant la résilience qui permet de survivre : il doit traverser l’ombre et tuer le dragon. Nos vulnérabilités sont aussi forces ! Reconnaître qui l’on est, conscience de l’être et transmutation vers un avenir plus lumineux. Jung relie l’intériorité orientale et l’extériorité occidentale, l’accès au numineux est la seule véritable thérapie ! Développer son discernement, tel est le chemin auquel il nous appelle.

« Plus la raison critique prédomine, plus la vie s’appauvrit ; mais plus nous sommes aptes à rendre conscient ce qui est inconscient et ce qui est mythe, plus est grande la quantité de vie que nous intégrons ! » Sous la domination de la raison, l’individu dépérit, conclut C.G. Jung. Vivre la réalisation de soi par cette individuation à laquelle il nous convie, tel est ce message ultime que j’aurais tant aimé entendre de sa voix. Merci à toi, merci pour ton éclairage…

©Martin de Waziers

Tags: , , , , , , , , ,

Un commentaire à “En hommage à Carl Gustav Jung (1875-1961)”

  1. Geneviève Delaunay 4 avril 2022 at 08:36 #

    ARTISTE, je préfère nettement Carl Gustave JUNG à Freud.

Laisser un commentaire

Les commentaires sous pseudonyme ne seront pas acceptés sur la Méduse, veuillez utiliser votre vrai nom.

Mentions légales - Autorenrechte

Les droits d'utilisation des textes sur www.lameduse.ch restent propriété des auteurs, à moins qu'il n'en soit fait mention autrement. Les textes ne peuvent pas être copiés ou utilisés à des fins commerciales sans l'assentiment des auteurs.

Die Autorenrechte an den Texten auf www.lameduse.ch liegen bei den Autoren, falls dies nicht anders vermerkt ist. Die Texte dûrfen ohne die ausdrûckliche Zustimmung der Autoren nicht kopiert oder fûr kommerzielle Zwecke gebraucht werden.