La possible revanche des Brics, selon Aberkane


PAR YANN LE HOUELLEUR, à Paris

C’est l’anti-Macron par excellence : Idriss Aberkane. Contrairement au président français, dont il attaque volontiers les égarements, ce boxeur amateur n’hésite pas à décocher des coups des coups de poing contre ceux qu’il appelle « les vendus ». Précisément les médias mainstream, dont il a pu « apprécier » la fourberie lorsqu’il s’est trouvé au cœur de retentissantes polémiques. Approchant la quarantaine, Aberkane détient une ribambelle de licences et doctorats (entre autres biologie, neurosciences, etc.) et il se définit avant tout comme « un essayiste, un conférencier et un philosophe ». Infatigable, il a écrit de nombreux ouvrages dont l’un lui a valu la renommée, « Libérez votre cerveau ». Capable de maîtriser très vite les thématiques les plus complexes, Idriss Aberkane a mis allègrement son grain de sel dans les polémiques qui ont fait rage autour des déclarations du professeur Didier Raoult au plus fort de la pandémie (Covid) dont il a pris la défense. De même, il a tiré à boulets rouges sur des multinationales, à commencer par Nestlé et Pfizer.

LES FOUDRES DES MEDIAS
 – Ces critiques acerbes ont valu à Aberkane les foudres de plusieurs médias, lui qui avait pourtant écrit une série de chroniques dans les pages du “Point”. Idriss Aberkane s’est vu traîner dans la boue, principalement par Altice, multinationale qui contrôle BFM TV et “Libération”. Cela fait dire à Idriss Aberkane  – fort opportunément –  que les vrais journalistes sont ceux bataillant hors du champ des médias mainstream et qui se moquent d’avoir une carte de presse.

Sa plus récente intervention, sur une chaîne youtube, est un pavé dans la mare qui a tout pour déplaire notamment à la diplomatie française. Alors que semble s’éterniser la guerre en Ukraine et que l’Europe a tourné (à tout jamais ?) le dos à la Russie (dont elle convoitait pourtant les richesses prodigieuses du sous-sol), Idriss Aberkane a choisi un décor troublant pour entamer une série de reportages : l’Odéon de Taormina, théâtre greco-romain bâti au IIIème siècle avant notre ère et dont les gradins ont résisté aux injures du temps. Des briques aux Brics, il n’y a vraiment qu’un pas.

Le brillant et même étincelant Aberkane rappelle l’émergence d’un bloc dont il martèle le poids : plus de trois milliards d’habitants ! En l’occurrence, les Brics. Cet acronyme a commencé à proliférer dans les médias il y a près de quinze ans. « B » comme Brésil. « R » comme Russie. « I » comme Inde. « C » comme Chine. S’y ajoute l’Afrique du Sud. 

UN POIDS TOUJOUR PLUS IMPORTANT – Les Brics associent des pays très distants, très différents, mais qui, tout au moins avant les bouleversements déclenchés par la Covid, faisaient fantasmer les investisseurs et les économistes par leur potentiel de croissance, l’importance de leur population et leur position stratégique. « Au départ, se remémore Idriss Aberkane, la banque Goldman Sachs y voyait avant tout une opportunité de placements et d’investissements ». Mais selon lui, les gouvernements membres des Brics, dont les autorités se réunissent assez régulièrement, sont en train de prendre conscience de la nécessité de s’ériger en contrepoids voire en rivaux d’un G7 (Groupe des 7) qu’il estime « affaibli et dérouté ». Membres du Groupe : France, Allemagne, Canada, Etats-Unis, Italie, Japon et Royaume Uni. Certes, si l’on en croit Wikipédia, « le G7 rassemble sept des dix pays détenant les plus importants PIB au monde ». Peut-être une réalité en trompe l’œil puisque nombre de ces pays réputés riches ont entamé une régression irréversible, à l’instar de la France qui vivrait un scénario accéléré de «tiers-mondisation » avec des poches de pauvreté s’approfondissant au fil des ans, une population auquel le prestidigitateur Macron prétend redonner sa dignité grâce à la baguette magique d’Uber…

Mais selon Aberkane, nombre de prétendus spécialistes ne se rendent pas compte que face au G7, les Brics ont un poids toujours plus considérable, d’autant plus que plusieurs pays sont désireux de les rejoindre, par exemple l’Argentine et d’autres Etats d’Amérique latine. « Ce sont plus de trois milliards d’habitants, dont les deux nations les plus peuplées de la planète, à savoir la Chine et l’Inde. » Or, des évolutions récentes peuvent laisser s’esquisser et même se concrétiser un « casting » selon lequel les Brics pourraient « ringardiser » le G7. « La Chine détient un paquet de dettes parmi les pays du G7. Or, il n’est pas exagéré de supputer que les Brics songent à créer le Renminbi, la Monnaie du Peuple, une sorte de panier de devises qui incluerait la Roupie, le Rouble, etc.

VISIONNAIRE, DSK ? – Puisqu’il est question du rouble, encore faut-il rappeler que la Russie, avec ses gisements de matières premières considérables, ses zones d’influence solide sur le continent africain, pourrait se servir des Brics comme d’un levier dans le conflit qui l’oppose à un Occident lézardé et désarçonné. Idriss Aberkane s’attarde sur les spécificités du drapeau russe constitué de deux aigles subtilement entrelacés et scrutant chacun deux horizons aussi bien antagonistes que complémentaires. En réalité, l’un guette l’Est et l’autre veille sur l’Ouest.

L’occasion est toute trouvée, pour Aberkane, de souligner une évolution de taille survenue ces dernières décades : « La Russie apporte aux Brics le pouvoir de médiation qu’elle a lapidé sur un si grand nombre de champs de guerre… » .

Enfin, Idriss Aberkane revient sur un fait troublant, déjà relevé par infoméduse le 2 juillet 2011, l’année de l’arrestation de Dominique Strauss Kahn: « En proie à un retentissant scandale à New York, Dominique Strauss Kahn avait payé cher un projet qui lui tenait à cœur. N’oublions pas que DSK était un disciple de l’économiste John M. Keynes. A la tête du FMI, il songeait à la création d’une monnaie de réserve mondiale destinée à se substituer au dollar.» Voilà qui bien évidemment n’était pas censé plaire à tout le monde. Effectivement, quel flair géostratégique derrière cet écœurant parfum de scandale sexuel !!!

L’auteur a été correspondant au Brésil pendant quelque 17 ans de plusieurs médias francophone et il a fondé, à São Paulo, le journal « Franc-Parler ». Ce titre a revu le jour, dans la région parisienne cette fois-ci, lors du premier confinement lié à la pandémie de la Covid. Il est publié dorénavant sous forme de PDF exclusivement et diffusé dans plusieurs pays.

São Paolo. Dessin de Yann Le Houelleur, 2009.

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