Pérou, bientôt une défunte démocratie


PAR PIERRE ROTTET

La présidente péruvienne Dina Boluarte, son Premier ministre et mauvais génie Alberto Otarola ainsi que son cabinet sont mal barrés. Très mal même! Le problème est qu’ils s’en moquent ! La Commission interaméricaine des droits de l’homme (CIDH) vient en effet de rendre public son rapport sur les graves dysfonctionnements des forces dites de l’ordre face à la rébellion indigène depuis la mi-décembre 2022. Le verdict est sans appel: « Massacres il y a eu. Exécutions extrajudiciaires aussi». La présidente de la CIDH, Margarette May Macaulay, a en outre dénoncé le climat d’impunité qui règne au Pérou, en présentant son rapport en marge de la protestation sociale des habitants de la Sierra et des cimes contre la présidente Boluarte et le congrès.

Le Pérou, a encore constaté la présidente de la CIDH, enfonçant un peu plus le clou, « est l’un des pays du système interaméricain dans lequel on recense le plus grand nombre de violations en lien avec les droits de l’homme, spécialement en époque de conflit armé…»

Comme à son habitude, Dina Boluarte a encore un peu plus décrédibilisé le Pérou et ses institutions étatiques en minimisant ledit rapport, voire en niant péremptoirement les faits: « Il n’y a pas eu d’exécutions extrajudiciaires ». Contre vents et marées… Et en dépit des évidences sous la forme de vidéos, malgré les rapports qui se succèdent, dont le récent document de Human Rights Watch, qui tous vont dans le même sens.

Une désinvolture et une arrogance du pouvoir, critiquées par les personnes proches des milieux des droits de l’homme au Pérou et pas uniquement: « Dans un pays respectueux des Institutions, ce rapport conduirait Dina Boluarte et Alberto Otarola  derrière les barreaux ». Ce qui ne sera jamais le cas. La présidence et le premier ministre acoquiné au Congrès font de la résistance, leurs visées ne sont autres que de maintenir le régime jusqu’aux prochaines élections et même au-delà. En concomitance avec celles du maire de Lima opusien Aliaga et de ses acolytes de l’extrême-droite péruvienne. 

Boluarte, Otarola, son cabinet de ministres ainsi que le Congrès ajoutent une touche supplémentaire à leur illégitimité. Surtout en regard de la population indigène qui mène seule véritablement le combat.

Seule ! Dans la désastreuse indifférence générale des habitants d’un pays dont l’avenir se jouera sans eux… Au plus haut niveau de l’Etat, une poignée d’hommes et de femmes bradent aujourd’hui les intérêts d’un pays, de ses citoyens. Entre amis du même bord et aux visées identiques afin de mener le pays là où ils planifient froidement de le conduire: vers un vrai fascisme. Et donc une défunte démocratie !

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