La guerre entre l’OTAN et la Russie cessera un jour mais il n’y aura ni gagnant ni perdant. Dans quelques mois, les belligérants lassés poseront les armes là où la dernière ligne de front les aura départagés. Mais il serait illusoire de croire, comme le prétendent les médias occidentaux, que la Russie et M. Poutine sont à bout de souffle. Ce pays en a connu d’autres, la résilience mentale de sa population la poussera à tout pour sauver l’essentiel, à savoir son intégrité territoriale, laquelle comprend les zones à majorité russophone récemment annexées. Tel est en substance le message dominant de la table-ronde contradictoire (tous les orateurs n’étaient pas du même avis) organisée jeudi 8 juin 2023 à Lausanne sous l’égide du mensuel numérique Le Regard libre et réunissant quatre observateurs de la réalité stratégique en Europe orientale, Alexandre Vautravers (rédacteur en chef de la Revue militaire suisse, tenant de la ligne occidentale, convaincu d’une défaite finale russe), Pierre Lorrain (historien, auteur du livre “L’Ukraine, une histoire entre deux destins”), Guy Mettan (journaliste et politicien genevois, président de la Chambre de commerce Suisse–Russie), Alexandre del Valle (géopolitologue et essayiste franco-italien, auteur de l’ouvrage “La Mondialisation Dangereuse”). Quelque 150 personnes ont ponctué leur écoute attentive par des applaudissements nourris. Tant il est vrai que de tels propos n’ont pas voix au chapitre dans la presse dévouée à la propagande étatique. CC
Ni gagnant ni perdant ? Voire …
Il n’y aura eu, à mon humble avis et au bout du compte, que des perdants :
1) L’Ukraine, pour commencer : pays dévasté, martyrisé, à reconstruire presque totalement. Dont les populations civiles auront été visées systématiquement, au mépris des lois élémentaires de la guerre.
2) La Russie, dont les libertés civiles auront été bafouées systématiquement, dont la moindre opposition au pouvoir en place aura été muselée, embastillée de façon arbitraire, ressuscitant les codes impitoyables du stalinisme. Remettant à l’honneur jusqu’à la personnalité même de Staline. Une Russie actuelle dont le pouvoir personnel d’un seul homme et d’une oligarchie à sa solde sortira renforcé, s’imposant d’une manière triomphante.
Ceci pour dire que les stratèges de salon qui, de l’extérieur, se bornent à considérer cette “opération spéciale”, légitime à leurs yeux, comme un affrontement fantasmé entre la Russie et l’OTAN, ne prennent pas en considération la souffrance des peuples entraînés, contre leur gré, dans une guerre totalement absurde.
Très intéressant.