Les vrais gens


PAR MARTIN DE WAZIERS

Facebook, montre ta face, le bonheur que tu vis au quotidien, au détriment de ceux qui n’ont pas cette chance, mais l’ont-ils vraiment cette joie de vivre ou est-ce un besoin de paraître ? Se montrer dans le mode que l’on préfère, plutôt qu’être tout simplement. Fernand Raynaud interprète le sketch “Heureux!”. Un cantonnier municipal est “Heu-reux !” de sa vie tranquille. Y’a ceux qui tiennent le haut du pavé, mais, moi, je tiens le bas du fossé, ‘’Heu-reux’’…

Y’a qu’un seul jour où je m’ennuie dans la vie, c’est quand je suis obligé d’aller à Paris… Eh oui, les vrais gens sont ceux de ‘la France d’en bas’, un terme politique créé par Jean-Pierre Raffarin, 1er ministre sous Chirac ! Comme par hasard, il était chantre de la décentralisation. Pourquoi 10000 parisiens par an décident de quitter la capitale, parce que le bonheur est dans le pré, comme le disait ce film de 1995… même s’il y avait un rêve tout créé dans l’histoire !

Veragos homines, disent les latins, des hommes vrais et dignes de foi. Notre monde est un monde factice où le FOMO (fear of missing out, la peur de ne pas être dans le coup) devient prépondérant. Mais qu’est-il advenu de notre identité profonde, de notre singularité basique, de notre capacité à vivre pour répondre au vœu de Nietzche : deviens qui tu es ? Non, il faut être plus normé que jamais, plus faux que toujours, et se déguiser pour cacher son vrai soi.

Un monde dévoyé (qui sort du vrai chemin) où l’on force les gens à faire leur ‘coming out’ sous prétexte que c’est leur vraie personne, un monde où l’on moque Mr Pignon dans le dîner de cons, etc… Mais finalement, qui est con dans l’histoire ? Le con, c’est le passif, celui qui prend la vie selon les nouvelles règles établies, pas l’actif qui ose être lui-même et est ‘heu-reux’ du vrai personnage qu’il représente, pas ce qu’il pense que l’on attend de lui.

Heureusement, il nous reste les vieux avec leur histoire, les légitimes avec leur expérience, les sages avec leur connaissance, les grands avec leur prestance, les spirituels avec leur élévation ! En face, le monde factice des USA, corrompu du Sud, désorienté de l’Asie ou égaré de la France qui se cherche depuis sa fameuse révolution où elle a exterminé sa monarchie sous prétexte d’un modèle démocratique qui n’a de cesse de créer des roitelets.

Paris a un enfant et la forêt a un oiseau ; l’oiseau s’appelle le moineau ; l’enfant s’appelle le gamin. Accouplez ces deux qui contiennent, l’une toute la fournaise, l’autre toute l’aurore, choquez ces étincelles. Paris, l’enfance ; il en jaillit un petit être, joyeux. C’est qu’il a dans l’âme une perle, l’innocence, et les perles ne se dissolvent pas dans la boue. Tant que l’homme est enfant, Dieu veut qu’il soit innocent.

Victor Hugo, Les Misérables 

Le matériel domine depuis 40 ans, les années anglo-saxonnes de Reagan et Thatcher. C’est un ancrage dans la terre et l’immédiateté, le moment présent et le plaisir rapide, la vacuité du réseau social virtuel vs la profondeur de la foi en plus grand que soi, de l’espérance d’un monde meilleur et de la charité partagée dans la solidarité. Où sont les vrais gens si ce n’est chez les glaneuses de Millet, qui se contentent, elles, de racler le sol pour n’en rien perdre ?

Retour au partage, à la dignité, à l’amour, à la relation humaine, à soi, à l’autre, alentour… Utopiste, me dira-t-on ? Réaliste, je l’affirme ! Car il suffit de peu de choses à commencer par quelques mots clé au quotidien : bonjour, pardon, s’il-vous-plaît, merci ; quatre petites interjections qui scandent la vie heureuse des vrais gens. Les grands maîtres n’ont jamais manqué dans l’humilité ; les catastrophes naturelles ont su ramené l’homme à la solidarité.

Alors, ce sont de vrais gens, des gens ordinaires, des gens simples, des gens du peuple. Des gens vrais, il en reste des millions mais le monde actuel nous les a cachés sous les gravats des ‘bas news’. Retrouvons les ‘happy endings’, le sourire naturel, la vraie vie… l’art de se rapprocher de la France d’en-bas, de ceux qui constituent la majorité au détriment de la minorité factice de ceux qui se la jouent pour apparaître, plutôt que d’être eux-mêmes ! ©Martin de Waziers

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