Ras-de-marée travailliste au Royaume-Uni, M. Keir Starmer devient Premier ministre. Le Brexit est passé par là! En France, s’il faut se fier aux résultats du 7 juillet, la gauche ne semble pas vouloir attendre un Frexit pour revenir au pouvoir… A Strasbourg, où le parlement européen danse à droite depuis le 9 juin, grâce notamment à la députation française, on se demande quand les orchestres nationaux commenceront à jouer sans fausses notes. En musique, au-delà du chaos, on appelle ça cacophonie.
♦️
Peut-on communiquer de façon transparente sur le dossier européen? Le Conseil fédéral le souhaite. Le cœur débordant de sollicitude, il aimerait même que la population puisse « suivre presque en direct » les négociations qu’il mène avec Bruxelles. Mais pour Claude Nicati c’est tout simplement « mission impossible ». L’ancien vice-président du Mouvement européen suisse l’affirme sans détour dans l’éditorial du No 1/2024 du magazine europa.ch, entièrement dévoué à la cause de l’adhésion de la Suisse à l’Union européenne. Le raisonnement de cet avocat neuchâtelois: il est possible d’informer sur le mandat de négociation – ce qui est chose faite – mais pas sur la marge de manoeuvre des négociateurs. Trop compliqué… « Laissons l’équipe de négociation travailler et prenons ensuite le temps de discuter », argumente Me Nicati. D’accord, mais alors qui prend la responsabilité d’annoncer officiellement au peuple suisse que la communication sur le dossier européen n’est dorénavant plus « transparente »? Bonjour l’embrouille!
♦️
L’attaché militaire à Paris a été « détaché » de son poste. Mis à pied, pour parler crûment. Sa disgrâce suit celle d’un divisionnaire romand, annoncée le 10 juin dernier. Mais quelle mouche a donc piqué la ministre des armées Viola Amherd? Pour tenter de le savoir, infoméduse a écrit aux communicants du Département de la défense (DDPS) en ces termes: « Les médias disent seulement que l’intéressé n’a pas répondu à certaines questions qui lui avaient été soumises afin de déterminer s’il mérite la confiance du DDPS. Telle quelle, la nouvelle a de quoi intriguer, pour ne pas dire frustrer le lecteur. Pourriez-vous nous indiquer la nature de ces questions? » La réponse de Stefan Hofer, porte-parole de l’Armée: « Un contrôle de sécurité relatif aux personnes (CSP) valable est généralement la condition préalable à un contrat d’engagement pour les officiers généraux. La personne est examinée individuellement. Les raisons pour lesquelles une personne ne remplit pas un CSP sont également individuelles. Le CSP pour les cadres supérieurs de la Confédération est effectuée par la Chancellerie fédérale, veuillez vous adresser auprès d’eux si besoin. Le CSP pour les cadres supérieurs par la Chancellerie fédérale a lieu à un rythme régulier. Vous trouverez des informations à ce sujet sur le site Service spécialisé chargé des contrôles de sécurité relatifs aux personnes (admin.ch), dans lequel se trouve le règlement interne de la Chancellerie fédérale sur les contrôles de sécurité relatifs aux personnes: Geschäftsreglement FS PSP BK (existe uniquement en allemand). » Clair comme de l’eau de roche, voilà, vous savez tout, chers Médusés!…
♦️
♦️
Pour avoir rendu visite à M. Poutine après avoir rencontré M. Zelensky sans demander sa permission à Mme Von der Leyen, le Premier ministre hongrois provoque – sur le papier, du moins – l’ire des chancelleries européennes. Bruxelles dit vouloir renoncer à sa mission protocolaire destinée à célébrer le semestre de présidence hongroise. Crise constitutionnelle en vue? Elles sont sur de bons rails, les relations entre les 27!… Mais qu’en pense Washington, démiurge des grandes manoeuvres militaires occidentales? Secrétaire général de l’Otan, Jens Soltenberg a reconnu que l’Alliance avait été “informée” du voyage de M. Orbán en Russie…
♦️
Cités par la RTS, les lobbyistes ukrainiens s’étranglent: « le CERN n’a pas coupé tous ses liens avec la Russie! ». L’hypocrisie atteint son sommet pour plusieurs raisons. D’abord l’Organisation européenne pour la recherche nucléaire n’avait pas forcément au départ une vocation pacifique. L’idée d’une bombe A européenne était dans toutes les têtes, même helvétiques, le CERN étant basé à Genève. La présence de scientifiques russes depuis les années 60 apportait d’une certaine manière une dose stabilisante à l’équilibre de la terreur. Coopérer plutôt que guerroyer. Dans ce même ordre d’idées, on pourrait imaginer qu’une expulsion de la Russie la pousserait vers un isolement néfaste, la contraignant, allez savoir, à s’allier avec une autre puissance très ambitieuse dans le domaine de la recherche nucléaire, la Chine, par exemple. Ne dit-on pas celle-ci déterminée à réaliser son propre collisionneur circulaire selon le modèle européen, le must actuel dans la physique des particules? Mais ce n’est pas tout. Les pressions pour éjecter la Russie du CERN pourraient bien aboutir à une rupture fondamentale avec le concept continental qui se trouve à la base du laboratoire. De fait, la nature ayant horreur du vide, qui voit-on débarquer soudain dans le débat sur la construction du fameux accélérateur? Washington, avec qui le CERN a signé un accord il y a quelques semaines! Autant d’enjeux lourds qui relèguent à un rôle de mickeys les amoureux de la nature qu’inquiètent légitimement les conséquences environnementales de la construction d’un tunnel circulaire de 100 kilomètres, à savoir le labourage bétonné de terres agricoles à une profondeur abyssale.
Christian Campiche