PAR YANN LE HOUELLEUR, à Paris
Six jours plus tôt, une cruelle décision de Justice était venue assombrir vingt ans d’une vie dédiée à la politique. La favorite dans les sondages, deux ans avant l’élection présidentielle, a vu son rêve voler en éclats. Marine Le Pen a été condamnée, en première instance, par le Tribunal de Paris à une peine d’inéligibilité immédiate pour une déjà lointaine affaire de détournement de fonds commise par les élus de son parti au Parlement européen, d’un montant estimé à 4 millions d’euros.
Ce dimanche 6 avril 2025, six jours plus tard effectivement, un rayon de soleil a contribué à la consoler. Plus de dix-mille militants et sympathisants du Rassemblement National, le RN, se sont massés sur la place Vauban, au pied de l’un des plus prestigieux monuments parisiens, l’hôtel des Invalides. Un amical soleil a exacerbé les scintillements des feuilles d’or habillant le dôme de cet ancien hospice pour le mutilés de guerre érigé pendant le règne de Louis XIV qui par la suite a accueilli la dépouille de Napoléon Bonaparte.
Proportion de jeunes gens surprenante
Un lieu hautement symbolique, donc, qui n’avait pas vu onduler dans les parages, depuis plusieurs années, autant de drapeaux bleu, blanc, rouge. Un tel «attribut» de patriotisme était offert à tous les participants. Et la proportion de jeunes gens était surprenante. Beaucoup d’étudiants parmi eux, certains effrayés par l’islamisation rampante dans les universités qui amènent les jeunes militants de droite à être, dans le pire des cas, tabassés.
C’est dire si le châtiment dont a souffert Marine Le Pen a créé un choc au sein de la population française ! En théorie, faut-il préciser, « Marine » est empêchée de se présenter à la prochaine élection présidentielle. Face à une foule galvanisée, elle a insisté, une fois de plus, sur la nature politique de cette décision de justice, d’autant plus que la présidente du jury a justifié la sévérité du verdict rendu en invoquant «des risques de trouble à l’ordre public». «Notre parti correspond à un tiers des électeurs dans notre pays», a-t-elle rappelé, bien décidée à se battre jusqu’au bout. «Cette décision est d’autant plus scandaleuse que les juges ont rappelé l’absence de tout enrichissement personnel ». Ainsi qu’on pouvait s’y attendre, Marine Le Pen a fustigé une justice gangrénée par le fléau du gauchisme, dénonçant plus particulièrement le syndicat de la Magistrature auquel adhère un bon tiers de la profession. Elle n’a pas épargné pour autant le danger que fait peser sur la souveraineté française la nébuleuse qui à partir de Bruxelles se substitue peu à peu aux différents Etats de l’Union européenne , avec un grave précédent : courant mars, l’ultranationaliste Călin Georgescu a été écarté de la course à la présidence de la Roumanie. Marine Le Pen a rappelé, aussi, qu’un organisme dont les membres sont désignés par le gouvernement français, l’Arcom, s’est refusé à proroger la concession accordée à une chaine de télévision, C8, qui a dû licencier quelque 400 collaborateurs.
Jugement en appel ?
« La brutalité » de la justice, un mot prononcé par Marine Le Pen, a jeté l’effroi dans toute une partie de la classe politique. Ces prochains mois, il se pourrait que la Justice convoque les dirigeants de partis autres que le RN, impliqués dans des malversations similaires, raison pour laquelle un projet de loi pourrait bientôt être soumis à l’appréciation des députés français, visant à « abréger l’exécution provisoire en matière d’inéligibilité », ainsi que l’a expliqué le « Journal du Dimanche » dans son édition du 6 avril.
Par ailleurs, des pressions se font sentir afin qu’avant la prochaine élection présidentielle Marine Le Pen puisse bénéficier d’un jugement en appel. Si toutefois cette infatigable battante ne pouvait concourir à l’élection en 2027, il n’est pas impossible que Jordan Bardella, le président du parti, monte lui-même au créneau. Seul obstacle peut-être insurmontable : sa jeunesse (moins de trente ans). Le jeune âge d’Emmanuel Macron, lorsqu’il a été élu pour la première fois en 2017, était considéré par certains de ses supporters comme un atout, mais on connait la suite… dans tous les domaines, la France s’est affaissée, au point d’être tenue pour l’homme malade de l’Europe. Les faillites d’entreprise se multiplient ; la délinquance taraude le pays ; les médecins n’ont jamais prescrit autant d’anxiolytiques ; la diplomatie tricolore ne sait plus comment gérer des crises majeures avec des gouvernements notamment africains ; la classe moyenne continue de rétrécir telle une peau de chagrin… et la dette externe ne cesse d’enfer. Huit ans de macronisme : un bien triste bilan. »
