Le prix de la Presse Emblème Campagne (Press Emblem Campaign PEC) pour la Protection des Journalistes a été décerné à la journaliste kurde réfugiée en Suisse Perihan Kaya (photo pec), à l’occasion de la première édition du Presstival à Bienne, communique la PEC:
Née en 1986 à Kars (Turquie orientale), Perihan Kaya a commencé sa carrière de journaliste à l’agence de presse Dicle (DİHA) et à l’agence de presse féminine Jinha (JINHA). Elle s’est concentrée sur des sujets sensibles tels que la question kurde, les droits des femmes et des enfants et s’est fait connaître par ses reportages courageux. Elle a également travaillé en tant que journaliste indépendante pour divers journaux et plateformes en Turquie. Aujourd’hui, elle est la coordinatrice générale de Podcastkurdi.
Nombreuses poursuites judiciaires en Turquie
En raison de ses activités journalistiques et de ses publications sur les réseaux sociaux, elle a fait face à de nombreuses poursuites judiciaires en Turquie. En 2005-2006, elle a été emprisonnée pendant 8 mois. En 2021, elle a été condamnée à 1 an et 3 mois de prison pour « propagande d’organisation » et à 11 mois et 20 jours pour « insulte au président ».
En 2022, face aux procès et aux condamnations, elle a été contrainte de quitter son pays. Elle s’est réfugiée en Suisse en août 2022 et tente aujourd’hui de reconstruire sa vie à Genève. « En tant que Kurde, femme et journaliste, j’ai payé un lourd tribut pour la vérité : arrestations, prison, exil. Mais je continue à me battre », a déclaré Perihan Kaya en remerciant la PEC de lui avoir accordé ce prix.
« Être ici aujourd’hui est à la fois une joie et une tristesse, car j’aurais préféré recevoir ce prix dans mon propre pays, en poursuivant ma carrière professionnelle », a-t-elle ajouté.
Journalistes kurdes tués
« Nous, journalistes kurdes, écrivons l’existence d’un peuple. Nous essayons de rendre visibles la langue non reconnue, l’identité réprimée, les souffrances ignorées d’un peuple sans État. À Rojava, Hewlêr, Şengal, Qandil, Mahabad ou Diyarbakır…», a expliqué Perihan Kaya, en rappelant que trois journalistes kurdes ont été tués depuis le début de l’année Nazim Daştan, Aziz Köylüoğlu et Cihan Bilgin, à Rojava et au Kurdistan du Sud.
« Perihan Kaya est un exemple de plus de ces nombreux journalistes contraints de s’exiler pour fuir la répression et la violence dans leur pays », a déclaré le président de la PEC Blaise Lempen. «Nous avons le devoir de les soutenir», a-t-il dit lors de la remise du prix samedi 7 juin 2025 à Bienne au Presstival.
«Les Kurdes sont des oubliés de la communauté internationale. Ils ont connu la guerre en Irak, en Syrie, dans l’est de la Turquie, en Iran. Les journalistes kurdes ont pris et continuent de prendre de grands risques pour nous informer», a souligné le président de la PEC.
Le Prix pour la Protection des Journalistes est décerné chaque année depuis 2009 par la PEC, ONG indépendante basée à Genève depuis 2004 et dotée du statut consultatif à l’ONU. Le précédent lauréat a été en 2024 le journaliste palestinien de Gaza Iyad Alasttal, réfugié en France.