Ceux qui doivent mourir te saluent (Morituri te salutant). Edipresse dit vouloir anticiper les évolutions du marché. Nous voici tous avertis, merci.
PAR CHRISTIAN CAMPICHE
Mais faut-il, afin de garantir la pérennité de la presse écrite, tailler justement dans ses forces vives, au risque de sacrifier sa spécificité: rendre compte, rapporter, enquêter. Commenter aussi.
Les éditeurs invoquent les changements d’habitude du lectorat. Mais ce dernier exige-t-il pour autant un suivi des exploits de telle ou telle vedette du show-biz? Son journal doit-il ressembler forcément à un catalogue de grande surface?
L’irruption des gratuits, la migration vers la toile constituent certes une réalité. Et celle-ci sous-tend une politique erratique des grands annonceurs qui font la loi en distribuant des carottes aux plantigrades les plus complaisants. Prix cassés, couverture critique de l’actualité sacrifiée à des pubs envahissantes et «imaginatives», on est prêt à tout, dans la fosse médiatique, pour s’attirer les faveurs du prince.
Pas sûr, cependant, que tous les éditeurs y trouvent leur compte, à terme. Demain, face au trou noir intellectuel, les lecteurs, aujourd’hui engourdis par le consumérisme ambiant, pourraient devenir plus exigeants, du moins faut-il le souhaiter. D’où la responsabilité civique de la presse. Les journalistes ont le droit et le devoir de défendre la qualité de l’information, rempart contre les dérives autoritaires et gage de stabilité sociale. Des grands mots, peut-être, mais qui sont indissociables de la notion de démocratie.
Commentaire paru dans “La Liberté” du 28 août 2008.