Elle nous met dans de beaux draps, l’UBS.
PAR CHRISTIAN CAMPICHE
Non contente de puiser dans le budget fédéral pour renflouer ses pertes, la voilà bien partie pour couler le secret bancaire, maintenant. Serial killer de la finance: dans ses rêves les plus fous, Hitchcock n’aurait pas osé imaginer meilleur scénario.
L’affaire est sérieuse car le secret bancaire entretient avec le peuple suisse une relation d’amour qui ne s’est jamais démentie au cours de son histoire relativement récente. En 1984, trois quarts des Suisses avaient rejeté l’initiative populaire visant à limiter le secret bancaire. Depuis, sondage après sondage, les Helvètes plébiscitent cette institution qu’ils assimilent à leur prospérité.
On peut remercier le ciel, en revanche, que les milieux favorables à une garantie du secret bancaire inscrite dans la constitution fédérale ne soient pas parvenus (momentanément?) à leurs fins. Imaginez ce qui arriverait aujourd’hui si tel avait été le cas. Pauvres juristes de la Confédération qui auraient été placés entre l’enclume de la légitimité suprême et le marteau de la pression américaine. Berne aurait-elle pu résister envers et contre tout, refuser l’accord avec Washington, condamner UBS à fermer ses filiales aux Etats-Unis? Une position intenable, un nœud gordien que l’épée du consensus autour du sauvetage d’UBS ne serait pas parvenue à trancher.
La Suisse a évité une crise institutionnelle mais sa finance ne sort pas grandie de cette affaire. Elle montre surtout sa vulnérabilité en menaçant de s’écrouler comme un château de cartes dans les titubements d’un géant bancaire surdimensionné. Puisse l’engrenage infernal s’arrêter là. L’enchaînement des événements ne laisse plus la place au doute: UBS a pris une telle place dans ce pays que nous sommes tous devenus ses otages.
Commentaire paru dans “La Liberté” du 20 février 2009