L’Université de Zurich publie une étude sur les médias sous la direction du sociologue Kurt Imhof. Les conclusions sont navrantes: l’esprit superficiel des journaux gratuits envahit la presse qui ne fait pas son boulot. Résultat: la démocratie pâtit d’un manque de transparence et de conscience civique. L’issue dramatique de certaines votations fédérales, comme celle sur les minarets, en constituent des exemples éloquents.
Le travail des chercheurs zurichois est sérieux et scientifique. Mais cela n’empêche pas certains médias de le sous-estimer. Interrogé par l’ATS, le président des éditeurs suisses Hanspeter Lebrument conteste les arguments contenus dans la recherche. De son côté, la Radio romande a interrogé Tristan Cerf, l’ancien rédacteur en chef du gratuit “20 Minutes” qui fait part de son optimisme face à l’évolution de la presse. Autant demander au président de BP de commenter l’utilité des plates-formes pétrolières dans le monde.
Révélatrice est aussi la reprise de la nouvelle dans la presse écrite. “La Liberté” en fait quasiment une page. Idem pour la NZZ. La plupart des autres titres n’en pipent mot. Si cela vous étonne, regardez qui contrôle lesdits silencieux. Ils appartiennent tous au groupe Tamedia, propriétaire de… “20 Minutes”.
Qui a dit indépendance ?
Une de mes connaissances, jeune journaliste et animatrice d’un blog culturel m’écrit ce jour même sur le comportement des journalistes romands :
“Pour ce qui est de votre second mail, j’avais effectivement déjà entendu parlé de cette étude sur les ondes de la RSR et dans divers journaux. Je trouve cela assez inquiétant mais cette tendance à la baisse de qualité de l’information se sent depuis longtemps. Malheureusement, je ne pense pas que cette situation ait été choisie par le monde des médias. Beaucoup de journalistes sont en désaccord avec ces tendances-là. Ce que j’observe plutôt de l’intérieur et qui me déçoit c’est une sorte de résignation et de flemme de la part de certains journalistes qui abdiquent face à des sujets qui pourraient les mettre en conflit avec certaines personnes. C’est humain mais le métier de journaliste demande d’être courageux si l’on veut le faire dans les règles de l’art. Mais certains journalistes de suisse romande gardent cette flamme et cette capacité de dire les choses pour faire avancer la démocratie. Reste à obtenir un soutien de leur hiérarchie qui n’est pas toujours évident.”
Un point de vue que je partage.
Wer hat schon das neue Buch von Thilo Sarrazin gelesen? Mich würde unheimlich interessieren, was Ihr darüber denkt.