Lire ou ne pas lire Houellebecq


« Lire ou ne pas lire Houellebecq », telle est la question que se pose l’écrivain Jérôme Meisoz, dans son dernier recueil de textes réunis sous le titre « Lettres au pendu ». Le pendu, c’est l’écrivain valaisan d’origine italienne Adrien Pasquali, qui s’est suicidé en 1999 à Paris. Il avait 41 ans et était l’auteur notamment de « L’éloge du migrant ». Jérôme Meisoz, de neuf ans son cadet, l’avait connu les années précédant sa disparition. La mort de ce « grand frère » en littérature, l’a poursuivi durant ces années. Tout comme celle du poète de Fully Vital Bender qui mit également fin à ses jours quelques années plus tard.

La destinée de certains écrivains valaisans est marquée par le tragique et la solitude : « « Une fois engagé dans les mondes littéraires, qu’advient-il de nous ? » Jérôme Meisoz, fidèle à sa touche impressionniste, rend hommage avec révérence et nostalgie à son mentor. S’adressant au disparu, il en profite aussi pour griffer un certain Valais représenté par la presse monopolistique du canton. Constatant que « à la faveur d’affinités personnelles, l’esprit UDC a infiltré le Nouvelliste », il en vient presque à regretter le temps de son « conservatisme moral » plutôt que la « révolution conservatrice » d’aujourd’hui, mêlant « consumérisme, populisme et paternalisme social ».

Comme il l’avoue bien volontiers, l’écrivain Jérôme Meisoz a une préférence pour les textes courts. Son recueil est composé de textes écrits ces dernières années ou de contributions à des revues ou à des ateliers d’écritures. Il nous aide à découvrir son univers littéraire et philosophique foisonnant, traversant les âges et les tendances. A cet exercice Jérôme Meisoz est de bonne compagnie, entre les exigences morales qu’il défend et qu’il relativise bien souvent, pour laisser en suspens le doute qui l’habite. Alors il pose la question « Lire ou ne pas lire Houellebecq ».

D’un certain côté, par le matraquage publicitaire et le dandysme décadent du personnage, il avoue avoir « peu de sympathie » pour le personnage, qualifié de « performer contemporain pour plateaux télé ». Mais Jérôme Meisoz a lu « presque tous ses livres », marquant une préférence pour le « romancier en pseudo-sociologue : ses fictions détournent avec une morne jubilation les grands discours sociaux (économique, médical, religieux, etc.) » Il apprécie aussi « la mélancolie diffuse qui percole dans ses textes, sur fond de cynisme narratif. » Cela dit, Jérôme Meisoz se met lui-même à l’ouvrage et nous livre trois nouvelles inédites dans l’air du temps, non dénuées de la mélancolie diffuse qu’il sème lui-aussi dans ses écrits.

« Lettres au pendu. Et autres écrits de la boîte noire » Jérôme Meisoz. Illustrations André Crettaz. Collection Racines du Rhône. Editions Monographic. Sierre. 2011.

Article paru dans Valais-mag

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