La Suisse romande a profité pleinement de la reprise en 2010, affichant un PIB (produit intérieur brut) en croissance de 2,6%. Et la tendance se poursuit en 2011 et 2012 avec une progression attendue respectivement de 2,7% et 2,5%. De quoi réjouir, à Genève, les six banques cantonales, qui ont réalisé cette étude pour la quatrième fois, en préambule à la tenue du « Forum des 100 », organisé le 12 mai à Lausanne..
Réalisée en collaboration avec l’institut de macroéconomie appliquée CREA de l’Université de Lausanne, l’étude fait le lien cette année entre la conjoncture romande et la démographie. « La dynamique est forte, avec un PIB romand revenu au niveau d’avant-crise », a commenté Jean-Pascal Baechler, rapporteur de l’étude et conseiller économique éditorial et économique de la Banque cantonale vaudoise (BCV). « L’effet est même très positif sur la démographie ». En période de haute conjoncture, mais avec un décalage d’environ trois ans, un essor est constaté sur la croissance de la population. A l’inverse, celle-ci a aussi un impact sur la croissance de l’économie dans les trois à cinq ans, quoique moins prononcé.
Le lien entre les deux éléments est particulièrement fort dans les cantons de Vaud et du Valais, voire de Fribourg et Neuchâtel, mais il est moins marqué à Genève et dans le Jura. Ces deux cantons sont aussi ceux où la part des frontaliers, par rapport au nombre d’emplois est la plus élevée, rappelle la société MicroGIS, spécialiste en analyse de données géographiques., chargée de cette partie de l’étude. Par ailleurs, la corrélation entre la conjoncture et la population est plus importante dans la région lémanique (Genève et Vaud) et rhodanienne (Genève Vaud Valais), note encore MicroGIS.
Autre fait intéressant, le PIB romand progresse plus vite que la population : sa hausse a été de 2% en termes réels entre 1995 et 2010, soit deux fois plus en moyenne que la hausse annuelle du nombre d’habitants sur la même période. « Le gâteau grandit plus vite que le nombre de convives, et il y a un enrichissement général » a expliqué M. Baechler. En chiffres, 1% de croissance en plus se traduit ainsi par 0,25% d’habitants en plus.
La société MicroGIS a également passé au crible le lien entre croissance et emploi, plus difficile à établir à cause du manque de statistiques annuelles sur le nombre de salariés par canton. « L’observation montre que l’emploi est très sensible aux variations de la conjoncture », relève l’étude. En période de croissance forte, l’emploi progresse très vite tandis que les ralentissements de l’activité provoquent des ajustements plus marqués. Reste qu’après une crise profonde, le rétablissement de l’emploi peut s’avérer très long.
On soulignera encore que si la reprise a profité à toute la Suisse romande, elle lui a aussi permis de très bien se positionner devant d’autres régions. Quand la Suisse fait mieux que l’Union européenne et les Etats-Unis, la Suisse romande fait mieux encore en s’installant dans le peloton de tête des régions industrialisées.