Volontiers provocateur et énigmatique. C’est ainsi que Georges de Muralt a introduit «279», son premier recueil de poésies lors d’une présentation, doublée d’une lecture de ses œuvres, mardi soir 18 décembre 2012 à la Société de Lecture de Genève.
Pourquoi 279? «Chaque poème est daté et s’apparente à un journal intime. 279 – prière de prononcer à la française : deux cent soixante-dix-neuf! – est le nombre de jours qui séparent le 15 août 2010, date de l’écriture du premier poème publié dans le recueil, de ‘l’aboutissement du jet’, le 20 mai 2011», répond le jeune auteur suisse.
La mélancolie et le deuil sont des termes récurrents dans l’explication de texte de Georges de Muralt. Lequel écrit, commentant «Aporie du cœur», poème que la Méduse publie ci-dessous: «bénéficiant d’une certaine autonomie, il s’inscrit surtout dans la trame élémentaire du recueil et de ce fait, correspondrait à une sorte de mise en abyme».
APORIE DU CŒUR
Aussitôt qu’assourdissant, claque, jaune et rond,
Le fouet des Furies qui découvrent le tiroir,
Conscience éclate – face à face au miroir.
– Rome s’enflamme et délire, mon cher Néron !
Et la certitude, en débris sur le perron,
Plonge l’âme dans le tunnel, sombre couloir.
Le cou noyé, l’œil vide, à la tombée du soir,
L’onde tangue le corps renversé du héron.
Perdu, sous le charme d’influences néfastes
Ficelant un tissu d’après l’esprit de caste,
Le mensonge s’érige en vérité suprême.
Mais il se peut, qu’Apollon décoche une flèche
À l’oreille du cœur qui soudain crie : « Je t’aime ! » –
Par malheur, souvent tard, la source est déjà sèche.
7 novembre 2010.
Poème de Georges de Muralt paru dans «279», Editions Mélibée, 2012.