Malheur au vice


A cette époque, un certain Dominique était devenu Président de la république.

PAR BERNARD WALTER

Il se passa dans cette république une chose assez surprenante. C’était un vote du parlement qualifié d’historique par la presse.  Les politiciens,  victimes d’un accès de moralité, avaient adopté une loi visant à sanctionner les clients des prostituées. La cause féminine universelle s’en trouverait considérablement renforcée et l’Ordre moral occidental pourrait enfin se répandre sur la planète.

Le Président Dominique  tint à rassurer en conseil des ministres  ceux que cette loi pouvait effaroucher. «N’ayez crainte», leur dit-il,  «cette loi est faite pour les pauvres et les personnages louches qui traînent sur le pavé. Vous, vous  continuerez à faire dodo sur les oreillers de votre choix. Tout le monde le sait, mais ne le dites à personne. Nul ne pourra nous suspecter, puisque nous sommes socialistes.»

Puis il s’adressa à la nation :

«Françaises, Français,

J’ai été appelé sur mon portable, et j’ai dit: «Allo».

On m’a alors informé du résultat de ce vote historique.

J’ai dit  quel soulagement était le mien qu’enfin on en finisse avec ce grand malheur tragique qu’était  la prostitution, ce fléau qui a raison de la vertu  des femmes de ménage  et qui renverse les carrières politiques.

Je vous parle au nom de la justice sociale, au nom de la cause des femmes de par le monde. Il est temps de mettre fin à cette exploitation des femmes que l’on contraint à l’asservissement sexuel, et tout ça pour quoi? pour le petit plaisir de la gent masculine avide  de jouissance… Je vous le dis en vérité, il est temps, Françaises, Français que cela cesse. Il est temps que  les femmes du monde, que ce soit à New York, à Lille ou ailleurs, retrouvent leur dignité et reprennent le pouvoir sur leur vie.

Françaises. Français,

J’en appelle à votre conscience morale.

Vive les femmes, vive la France. »

Il termina son discours sous les applaudissements des journalistes,  techniciens et cameramen de la télévision.

On se demande qui a bien pu inventer une histoire pareille, vous l’aurez compris, ce n’est qu’une fiction. Il n’y a jamais eu de Président se nommant Dominique.

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