Le Titicaca se meurt, c’est loin Puno?


PAR PIERRE ROTTET

Le lac le plus haut du monde, le mythique Titicaca, considéré par le peuple des plateaux et des cimes comme le berceau de l’incaïsme, se meurt inexorablement. L’un des plus grands lacs d’Amérique du Sud, étendue d’eau navigable d’une superficie de près de 8’400 kilomètres carrés perchée à plus de 3’800 mètres d’altitude, trait d’union entre le Pérou et la Bolivie, est menacé. Et menace par extension l’existence même de plus de trois millions de Péruviens et de Boliviens qui vivent aux alentours ou sur ses berges.

Le haut plateau, l’altiplano du Titicaca reflète une histoire, une culture, avec les nombreuses ruines et vestiges millénaires bien visibles partout. Le lac lui-même est source d’alimentation en poissons pour les natifs aux coutumes ancestrales. Or ses eaux tranquilles sont aujourd’hui victimes d’atteintes environnementales. En cause: l’homme!

Le Péruvien Juan José Ocola Salazar, membre de l’Autorité autonome du Lac Titicaca, un organisme binational péruano-bolivien, lance et répercute dans «La Republica» l’alarme. « La situation est critique! Les études scientifiques ne sont pas réjouissantes pour cette réserve naturelle », assure ce natif de Puno.

Selon lui, le Titicaca se meurt, victime du développement anarchique et chaotique des centres urbains aux abords immédiats du lac. Avec ses quelque 105’000 habitants, la seule ville de Puno déverse dans le Titicaca 250 litres d’eaux usées par seconde.

Juan José Ocola Salazar dénonce le désastre causé sur l’environnement et le lac par la « mineria ilegale », l’exploitation de mines sauvages, illégales, au nom du profit et couverte par l’inertie et la corruption des politiciens à Lima. Ou quand la main de l’homme détruit les richesses naturelles des pays socialement pauvres. A cela s’ajoutent les ravages climatiques. « El Niño » s’abat plus impitoyable que jamais cette année dans la partie orientale de l’Océan Pacifique sud. « Une catastrophe qui menace désormais d’assécher définitivement non seulement les sols et rivières de l’altiplano, mais encore cette immensité d’eau, d’où émergèrent jadis, dit-on, le couple royal Manco Capac et Mama Ocllo, fondateurs de l’empire inca.

Le lac et la région agonisent, s’alarme Ocola. La vague de chaleur qui sévit depuis des mois, ajoutée à l’absence de pluie, affecte 87% des plantes aquatiques, la nidification de la faune, l’alimentation pour le bétail ainsi que la matière première pour l’artisanat local. Sans parler des rivières parmi les plus importantes des hauts plateaux qui alimentent de moins en moins en eau le lac Titicaca. Certains cours d’eau s’assèchent en effet progressivement.

Une calamité… aussi pour les groupes de volatiles qui survolent la région. « Ces oiseaux ainsi que la faune et notamment les fameuses et immenses grenouilles qui peuplent ce lacs ne survivront probablement pas”, avertit pour sa part le biologiste Leonel Torrer.

Les traces de la sécheresses qui sévit sont visibles dans le port de Puno, très connu des touristes. Des douzaines d’embarcations, de bateaux qui transportaient des touristes sur le lac sont actuellement échoués dans la vase, sous l’effet de l’eau qui se retire à vue d’oeil.

Et dire qu’en Allemagne, en France, en Suisse et ailleurs il est des ministres qui traitent de criminels les activistes pacifiques du climat. Soit le même terme que l’on utiliserait pour désigner des criminels de guerre, et Dieu sait s’il y en a! De la même manière qu’existent des sociétés mues par le seul goût du lucre et considérées comme les plus pollueuses du monde. Elles sévissent en toute impunité, épargnées par nos gouvernements. Tous plus complices les uns que les autres avec leurs discours de bonimenteurs, creux!

C’est loin Puno ?

Photo DR/Les Salons du tourisme

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Un commentaire à “Le Titicaca se meurt, c’est loin Puno?”

  1. Christian Campiche 30 août 2023 at 11:24 #

    Si seulement les nombreux touristes qui se rendent sur ces lieux menacés pouvaient être les ambassadeurs du drame! Malheureusement le tourisme de masse est complice du désastre environnemental.

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