En Italie, le regard de Candide évolue après des attaques répétées de loups sur l’homme


PAR CHRISTIAN CAMPICHE

Palombaro, dans les Abruzzes, est une localité d’environ un millier d’habitants, au milieu d’un parc naturel abritant toutes sortes de bêtes, parfois sauvages. Ainsi que l’a relaté la presse italienne, en mai dernier, une dame de 56 ans promenait son petit chien en plein centre du village quand un loup s’est approché. La promeneuse a pris son animal dans les bras et tenté de s’échapper mais le loup l’a poursuivie, renversée, avant de s’emparer du chien. Alerté par ses cris, le maire a appelé des secours mais il était trop tard. Le loup s’était enfui avec sa proie.

Toujours dans la même province de Chieti, à Vasto, au bord de la mer, ce ne sont pas moins de sept agressions qui ont été signalées depuis l’année dernière. Une touriste milanaise a été attaquée par un loup sur la plage, sans conséquences heureusement, l’animal ayant finalement pris la fuite. Plus tard, non loin de là, un couple ne dut son salut qu’à un arbre sur lequel il s’était réfugié. Mais le cas le plus grave a concerné une fillette de quatre ans. Un loup l’a mordue dans le dos, tentant de la traîner au loin. Seule l’intervention de son père a permis d’éviter le pire.

La polémique enfle en Italie, alimentée par la constatation que les loups deviennent toujours moins méfiants et n’hésitent pas à s’aventurer près des lieux habités. Les environnementalistes minimisent les conséquences des agressions, certains les attribuant à de gros chiens. Mais pour certains observateurs, plus proches des milieux ruraux ou de la chasse, les attaques montrent que « nous sommes à l’ultime étape de l’échelle de Geist », du nom d’un biologiste canadien qui avait mis en garde contre le danger d’une idéalisation du loup. A partir d’un certain stade de proximité, le loup s’enhardit et devient toujours plus dangereux.

En Suisse où de plus en plus de tirs de loups sont ordonnés pour protéger les troupeaux, la population est partagée entre le romantisme et la réalité. Qui ne connaît pas un éleveur ou un berger se plaignant de ne plus parvenir à protéger ses bêtes? La démocratie leur a joué un vilain tour, quand, en 2020, le peuple a refusé de sévir contre le loup, résultat qui contredit le bon sens, vu l’exiguïté du territoire. Trois ans plus tard, les gouvernements cantonaux ouvrent les yeux et forcent les spécialistes de la faune à passer outre mais l’histoire ne dit pas encore à quelle source décisionnelle ils s’abreuvent. Leurs options sont-elles conditionnées par la hausse des attaques du prédateur en Italie?

Ou bien ces mêmes experts ont-ils enfin intégré le scénario d’une « importation » de loups en provenance des Abruzzes, thèse qui modifierait bien sûr l’approche du problème dans la mesure où elle relativiserait le regard que Candide porte sur le bon sauvage en quête paisible et naturelle de nouveaux espaces?

Homloup y es-tu? Sculpture de Nikola Zaric, 2013. Photo DR

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