Hommage à Pierre Kolb, un passeur du journalisme dans le sens noble du terme

PAR CHRISTIAN CAMPICHE

Du temps où il était journaliste au quotidien fribourgeois « La Liberté », le Vaudois Pierre Kolb n’hésitait pas à enfreindre les us locaux le jour d’une fête dans son canton natal. Il prenait congé quand ses collègues étaient au charbon. A charge de revanche! Ce Pulliéran n’a jamais renié ses origines, même quand il cédait aux sirènes du mercenariat en pays catholique. Au point que sa famille le soupçonne d’avoir attendu la célébration du Jeûne fédéral pour rejoindre les étoiles, lundi 18 septembre 2023. Né le 14 janvier 1944, il avait 79 ans.

Les obsèques célébrées le 22 septembre en l’église du St-Rédempteur à Lausanne ont confirmé la dimension dualistique du personnage, partagé entre son rôle d’époux, de père et grand-père attentionné, et sa mission au service de l’information, mâtinée d’idéaux libertaires de gauche. Veuf depuis 2020, Pierre Kolb n’aurait pas désavoué les émouvantes prestations musicales de sa progéniture, s’il avait encore été de ce monde. Ils furent près d’une dizaine, enfants et petits-enfants à exprimer le vide de l’absence en jouant un morceau, qui au piano, qui au violon, au violoncelle ou au saxophone.

Serviteur du journalisme sans fard ni forfanterie, Pierre Kolb poussait la coquetterie jusqu’à snober les séances officielles de photo. Vous n’en trouverez aucune de lui sur google images! Son collier de barbe et les traits expressifs de son visage en faisaient pourtant un être très reconnaissable. Il faut donc se référer à la mémoire pour lui rendre hommage. Lors de la cérémonie du dernier adieu, notre confrère Justin Favrod le fit très bien en rappelant deux caractéristiques professionnelles d’un auteur dont la douceur n’avait d’égale que la ténacité. Il abordait les sujets les plus ardus, de l’univers en entrelacs des chemins de fer, sa spécialité, à l’enseignement des langues en Thurgovie. Il était un homme de dossiers, mû par une envie de disséquer l’indéchiffrable, un besoin irrésistible de transmettre l’intransmettable au risque de subir l’ingratitude de ses pairs. Le scoop n’était pas sa tasse de thé, ce qui le rapprochait de figures tutélaires telles que François Gross et José Ribeaud, plutôt que de Roger de Diesbach, pour ne parler que d’anciens rédacteurs en chef de « La Liberté ».

Kolb était donc bien un passeur dans le sens noble du terme. Une vocation qui l’amena dès 2005 à créer, un peu dans le sillage d’infoméduse, un blog hospitalier au nom évocateur, « Courant-d’Idées ». Plusieurs bonnes plumes y trouvèrent un refuge intellectuel. Le site n’est hélas plus accessible en ligne. Son animateur ayant perdu progressivement la vue au cours des dernières années, il n’a pas pu l’entretenir et nul n’a songé à protéger le nom de domaine. Restent heureusement les articles de Pierre Kolb dont notre journal s’est fait l’écho à de nombreuses reprises, comme ici sur le thème de la technolâtrie, « un mal de l’époque, qui peut rendre la science inopérante, ou dangereuse ». A cette conclusion sans appel, assénée à la ligne ultime, mène une argumentation sans faille, étayée de multiples et sinueuses contre-hypothèses, fidèle à logique de réflexion d’un artisan au long cours en quête perpétuelle de perfection.

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Un commentaire à “Hommage à Pierre Kolb, un passeur du journalisme dans le sens noble du terme”

  1. J.L.Kolb 30 septembre 2023 at 08:56 #

    Merci

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