Dans la banlieue de Paris, des parcs magnifiques compensent la densification


PAR YANN LE HOUELLEUR, à Gennevilliers, textes et dessins

Où qu’on soit, quand on dessine à l’air libre, on ne reste jamais seul bien longtemps. Un inconnu qui crayonne avec une armada de crayons voguant autour de lui, c’est rarissime.

Avant que le ciel ne me tombe sur la tête (une rude hospitalisation, l’été dernier, précédée d’une longue période de souffrances), j’avais passé de longues années à faire des dessins sur le vif dans les rues de Paris et à les proposer,  les mettant à disposition du public. Il m’a été donné de nouer de belles rencontres avec des inconnus de tous horizons dénués de préjugés : je suis un Français très modeste qui cherche à s’en sortir par des moyens honorables. Par le biais d’Internet, et grâce aussi à Franc-Parler, je suis resté en contact avec nombre de ces personnes.

Pour l’instant, compte-tenu de douleurs qui persistent dans mes jambes (une hospitalisation de deux mois, l’été dernier), je ne peux m’éloigner souvent de Gennevilliers, « ma » ville. Située dans les Hauts-de-Seine, Gennevilliers a jadis hébergé de nombreuses usines dans la filière automobile qui ont fermé les unes après les autres au début du millénaire, de sorte que la municipalité (communiste) a pu préempter quantité d’hectares pour y faire construire un gigantesque éco quartier. 

Fin septembre, je me suis aventuré dans le parc Camille Ronce (image YLH de Une), ou jaillissent des arbres qui se veulent les ambassadeurs des essences les plus diverses. De surcroît, discrètement, serpente un ruisseau, entouré de joncs et d’arbustes.

BURN OUT

Alors que je dessinais une portion de ce parc enchanteur, une inconnue s’avança vers moi et je craignais qu’elle ne me déconcentre. Immanquablement, elle me dit : « Ce n’est pas tous les jours qu’on voit des artistes comme vous, et ça fait plaisir ! » Il s’en suivit une conversation sans prétention qui me démontra que j’étais sur le bon chemin… de l’inspiration. « Vous avez un de ces coups de crayon ! » Je perçus que cette femme, aux alentours de cinquante ans, souffrait de dépression, ce qu’elle ne tarda pas à confirmer : « J’ai fait un burn out… » Elle était venue dans ce havre de paix (à peine troublé par les cris d’adolescents turbulents) pour faire provision de livres… C’est une idée très sympa : dans plusieurs espaces verts de la ville les gens peuvent laisser, dans une boîte aménagée à cet effet, des ouvrages à disposition du public. Mon interlocutrice me confia qu’elle retrouvait la sérénité en se plongeant dans des romans.

Ce jour-là, tournant la page de l’été, j’avais ajouté un petit chapitre optimiste au si long roman de ma vie d’artiste et de journaliste…

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Pléthore d’espaces vert…dans une ville assombrie (comme partout ailleurs) par tant de soucis


Comme nombre de villes du Grand Paris, Gennevilliers a grandi beaucoup trop vite. De nouveaux quartiers ont surgi à l’emplacement de friches industrielles ou de pâtés de maisons obsolètes que les bulldozers ont rasé non sans rage.

Parmi ces nouvelles constructions : des immeubles abritant des bureaux ou, carrément, les sièges sociaux d’entreprises.

D’ici quelques années, une nouvelle gare RER + métro fera se déverser, dans le quartier des Agnettes en pleine mutation, une marée humaine à toute heure de la journée. Pour beaucoup, les anciennes générations plus particulièrement, cette ville jadis à vocation industrielle est devenue étouffante, asphyxiante.

LA TYRANNIE DU BETON – Fort heureusement, la municipalité (PCF et divers partis de gauche) a veillé à compenser la densification du tissu urbain par la création de parcs magnifiques, voire somptueux, et le déploiement d’allées, de promenades autour desquels poussent, en toute quiétude, des arbres ouvrant leur parapluie verdoyant.

Ainsi, les habitants, toutes classes sociales mêlées, peuvent-ils oublier leurs soucis et se détendre en contemplant la nature.

Franc-Parler a souvent critiqué « la tyrannie du béton » à Gennevilliers et même ailleurs, déclenchant quelques polémiques. Mais nous avons pensé qu’il fallait enfin faire la part belle à l’optimisme, d’autant plus que l’actualité charrie son lot d’atrocités : barbarie commise par le Hamas en Israël, mise en danger de l’ordre républicain, difficultés pour tant de familles à boucler leurs fins de mois, fracture sociale devenant abyssale, explosion des faillites d’entreprise et malgré le maquillage des statistiques officielles progression du chômage, etc.

Alors que nos esprits sont assombris par tant de préoccupations, nous avons préféré vous faire partager les couleurs à la fois toniques et rafraîchissantes de ces espaces verts qui nous font tant de bien surtout lorsque le mercure  s’affole. Pour ce faire, nous avons pris le frais dans un parc aménagé il y a moins de dix ans, Chenard et Walker, du nom d’un sous-traitant dans l’automobile dont les usines carburaient dans les environs.



L’artiste qui a réalisé ces dessins, et qui se remet d’une épouvantable maladie, se souvient d’une conversation qu’il avait eue avec un élu de la majorité municipale. « Dans la partie Nord des Hauts-de-Seine, Gennevilliers est la commune possédant la plus vaste superficie d’espaces verts.» Un constat… incontestable ! Et réjouissant. YLH

Ces articles et dessins sont parus dans l’édition 41 du journal numérique Franc-Parler, novembre 2023.

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