PAR AUGUSTIN LE MIERE*
Que dire du Salon international de l’automobile de Genève qui a fermé ses portes le 3 mars dernier?
Tout d’abord ce salon reste une référence. La Suisse ne possède pas de constructeurs automobiles, ce qui confère à la manifestation un certain crédit de neutralité .
Réamorcer la pompe après le Covid
Cela dit, la rupture avec le site Palexpo de Genève pendant la période Covid et le déménagement au Qatar ont marqué les esprits. Il faut donc réamorcer la pompe, retrouver les habitudes.
Cette année beaucoup de grands constructeurs ont fait l’impasse. Ce fut le cas des marques Allemandes, du groupe Stellantis (Peugeot, Citroen, Opel, Fiat, Lancia, Jeep, Maserati, et j’en oublie certainement). Seul Renault présentait sa nouvelle R5 E-Tech Electric, chose assez rare pour être notée. Cette situation a donc laissé le champ libre à la Chine (photo ALM, le stand du constructeur BYD), la Corée du sud, l’Inde etc…
L’organisation a essayé de boucher les trous avec des voitures de collection et de petits constructeurs comme le Suisse “Microlino” ou des écoles d’ingénieurs telle B.R.T. (Berne, Racing, teams ).
L’analogie avec la transition photographique
Me vient à l’esprit de faire un rapprochement entre le monde de la photo, sa transition brutale de l’argentique au numérique, qui a déstabilisé toute la filière de l’image, et le monde de l’automobile, avec ce passage radical en Europe: l’interdiction d’acheter une voiture thermique à partir de 2035. On n’y est pas encore, il faudra s’adapter à des règles de plus en plus contraignantes, drastiques. Conséquence: une fuite en avant, avec des bureaux d’études qui cogitent de tous les cotés .
Les constructeurs abandonnent les petites voitures à faibles marges et se jettent sur les «SUV» qui ont des marges plus importantes et aussi l’inflation du gabarit (longueur – largeur – hauteur – poids). Ce n’est pas qu’une question de normes, l’automobile reste un produit statutaire: “plus c’est gros, plus c’est beau”. Mais on marche sur la tête car l’automobile reste complètement inadaptée à la ville et au périurbain… Les Parisiens en sont conscients, qui ont choisi une surtaxe du prix des parcomètres pour les gros et lourds SUV dans Paris Intra-muros. Sans parler d’une autre économie d’échelle, avec les plateformes modulables en taille et motorisation, donc polyvalentes, donc à l’opposé de l’optimisation.
Revenir à plus de sagesse
Une conclusion, mais il y en a certainement d’autres, il conviendrait de revenir à un peu plus de sagesse et de bon sens. Comme le disait le Président actuel de Renault Luca de Melo, penser peut-être à cette règle de la “Kei-Car” japonaise adaptée à l’Europe bien sûr, je veux parler de ces voitures optimisées pour la ville, le péri-urbain et les trajets à fort kilométrage. Hydrogène, hybridation, carburants de synthèse, voire d’autres solutions d’ici 2035: on va continuer à chercher. Et je ne veux même pas parler de la voiture autonome…
Bref gardons envers et contre tout nos “Salons” dans ce nouveau monde du numérique et des réseaux sociaux.
*Concepteur de projets automobiles à Paris.
