Nos enfants d’aujourd’hui ne se lèvent pas quand un vieillard entre dans la pièce, répondent à leurs parents et bavardent au lieu de travailler : ils sont tout simplement mauvais ! Si nous avons tous entendu la phrase affublée à Socrate, la plainte s’est fait entendre tout au long de l’histoire de l’humanité. La réalité est toute autre et l’importance de l’intergénérationnel est énorme dans ce que l’on appelle facilement la transmission ; sans cela, il n’y a point de salut.
Cependant, nous avons vécu une période récente qui a eu tendance à disqualifier de plus en plus les GenX (1968-1985), GenY (1985-2000) et GenZ (millenials) sous prétexte qu’ils sont disconnectés du monde ou trop connectés à l’informatique ! Ne sont-ce pas ceux qui nous ont projetés dans la nouvelle ère économique, après l’agriculture, l’industrie et les services ? Doit-on jeter le bébé avec l’eau du bain, sous prétexte qu’ils ne nous paraissent pas ‘bien’ ?
On repousse les échéances
Trop facile pour les baby-boomers, enfants gâtés de l’après-guerre et dont je fais partie, de les négliger. Je me souviens de ce dessin de Voutch qui montrait père et fils sur le terrain de tennis, le 1er toisant le 2nd qui lui répond : ‘souviens-toi que je vais payer ta retraite !’ Plutôt que de critiquer et juger, à tire-larigot, ces générations qui nous succèdent, ne devrait-on pas valoriser ceux qui, à 30% selon l’INSEE, se considèrent déclassés et non reconnus ?
Dans les années 70, on devenait primo-accédant (1er toit acheté) à 25 ans et cela allait avec le couple. Aujourd’hui, on a dépassé les 33 ans et la moyenne des mariages se passent à plus de 35 ! Sans faire nécessairement référence à la pyramide des besoins de Maslow, il est beaucoup plus lent de progresser vers sa propre réalisation. Vous me direz l’espérance de vie est passé de … à 84 ans donc on repousse les échéances, car on est moins pressé.
La présence du respect
Si nous avons échappé à WW3, cette guerre est latente avec 56 terrains en ébullition dans le monde. Si les boomers ont profité des 3 P (Paix, Prospérité, Plein-emploi), les déclineurs ont déjà souffert de la COVID-19, du smartphone ravageur et de la permacrise du monde VUCA (volatil, uncertain, complex, ambiguous). Souvenons-nous que l’enfant devient adulte, parent ou référent et, passé le nid vide, redevient adulte puis dépendant, enfant à nouveau !
L’intergénérationnel est fondamental à l’humanité, encore faut-il que le respect soit présent, dans les deux sens. Nous avons tant à nous apporter les uns aux autres, encore faut-il que la structure de transmission soit solide et qu’il y ait un sens de la famille ou plutôt de la tribu avec la solidarité à l’appui. Nous pourrions mieux partager les fruits de la prospérité, encore faut-il qu’il y ait un sens profond de l’équité et que nos avantages acquis puissent être cédés.
Restez jeunes, un message qui nous est asséné tous les jours par les divers marketing de jouvence, principalement sur le plan physique. La réalité est que nous prenons de l’âge et c’est irrémédiable ; encore faut-il l’accepter avec ses vicissitudes, tout en aménageant des relations humaines intergénérationnelles fortes car c’est la meilleure cure possible. Non, il ne s’agit pas de retomber en enfance mais de s’intéresser aux activités les uns des autres !
Prendre de l’âge, c’est indispensable
Le drame de l’âge est la solitude, alors que des colocs transgénérationnels sont proposés. Oui, des jeunes cherchent l’apport des vieux et vice-versa. Oui, la fertilisation croisée est un avantage extraordinaire, qui permet de transmettre, de partager, de s’améliorer l’un l’autre. Si l’archipellisation souvent cité dans le domaine politique tend à se généraliser, nous vivons de plus en plus à distance et on est très loin du juillet des Tahitiens qui partagent leur joie !
Oui, nous pouvons retrouver les valeurs réciproques que nous nous apportons dans la tribu avec respect et équité. Oui, nous devons arrêter la condescendance héritée des ancêtres et faire valoir l’équivalence des générations et gérer au mieux la cohabitation du bien commun. Que l’on prenne de l’âge, c’est indispensable afin d’y trouver la sagesse des années et cette ouverture indispensable à une vie meilleure, plus saine et sereine de paix d’amour et de joie.
