Le vieux chalet de Marcel Ospel crée des remous *


C’est un vieux chalet situé sur un alpage au-dessus de Rougemont. Le lieu-dit répond au nom bucolique de La Sisounette. A vol d’oiseau, la photo satellite montre que la frontière fribourgeoise est proche. Plus bas coule le ruisseau de la Manche.
On y accède par une maigre route bétonnée puis les pâturages prennent le relais. Idéal pour couler des jours tranquilles, loin du tumulte de la crise. Le rêve tout simplement, quand on a l’argent nécessaire pour en faire un paradis de confort, que l’on est un banquier de 58 ans à la retraite et que l’on s’appelle… Marcel Ospel.
Mais on a beau avoir été le banquier le plus puissant de Suisse et habiter une oasis fiscale dans le canton de Schwyz, nul n’est censé échapper aux contraintes de la loi. Celle sur l’aménagement du territoire, en l’occurrence car l’ouvrage est situé hors des zones à bâtir.
En se portant acquéreur de l’alpage, au début du printemps 2009, l’ancien maître de l’UBS a demandé que des travaux de transformation et de rénovation soient entrepris. Publié le 24 avril 2009, un avis d’enquête révèle que le nouveau propriétaire prévoit aussi la création de deux places de parc. L’auteur des plans est un bureau d’architectes de Gstaad.
Trois oppositions
Les habitants de Rougemont avaient jusqu’au 25 mai pour réagir. C’est chose faite désormais. Dans le détail on ignore ce qui est reproché au projet mais une chose est sûre: il y a eu opposition. Même trois, finit par concéder un fonctionnaire de l’administration communale de Rougemont: «Le projet est bloqué pour l’instant. Il a été transmis à Lausanne, à la Camac (ndlr: la Centrale des autorisations du canton de Vaud».
Un office, la Camac, dont le directeur, Michel Ansermoz, confirme d’emblée avoir reçu des oppositions concernant ce projet. «Elles ont été transmises aux services concernés qui statueront en temps voulu. A l’issue de cette procédure, une synthèse sera remise à la commune à qui il appartient en définitive de délivrer le permis de transformation. Si M. Ospel jouit d’un traitement particulier? Pensez donc! S’il veut construire quelque chose que le règlement n’autorise pas, les services compétents diront non. Pour nous, M. Ospel est un citoyen comme tout le monde.»
Une dent contre Ospel?
Voilà qui est dit. Mais ne résout pas encore l’interrogation suprême: quelqu’un, à Rougemont, aurait-il une dent contre le voltigeur de bonus? Se pourrait-il qu’au-delà de résistances d’ordre architectural, l’une ou l’autre personne ait manifesté sa mauvaise humeur contre un banquier dont le nom est indiscutablement lié au krach de la plus grande banque de Suisse?
Au bâtiment communal de Rougemont, aucun démenti n’est de mise. Mais de bonne source, on est moins vague. On murmure qu’un financier exilé à Genève, voire un politicien vaudois, des Rodzemounais pur sucre, seraient l’âme de la fronde contre l’ancien mentor de l’UBS.

*Article paru dans “La Liberté” du 3 juin 2009

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