Quand l’meunier perdit son âne
Tout le village en a ri
Quand l’meunier r’trouva son âne
Sur la place ils n’ont rien dit
Quand l’facteur égara ses lettr’s
Les gamins le montraient du doigt
Quand l’facteur retrouva ses lettr’s
Les commères en restèr’nt coi
Quand Julien se pendit dans sa grang’
Tous les campagnards ont frémi
Mais quelqu’un trouva ça étrang’
Et sur le mort courent des bruits
Quand Clara prit Jean pour mari
Les couards jasèr’nt sur sa vertu
Un jour Amédée prétendit
Qu’elle l’avait pris pour ses écus
Quand le feu ravagea la lande
Le fils du Ness seul accourut
Il en revint langu’ pendante
Les gens dirent qu’il avait bu
Quand Tonin tomba dans la Loir’
Justine le vit se noyer
Il s’en revenait de la foir’
On crut qu’il avait découché
Quand le curé rendit son âm’
Sa bonne quitta la contrée
Car las ragots les plus infâm’s
Firent d’elle une traînée
Quand le mair’ perdit la raison
On cria au sacrilège
Accusant même la Marion
De jeter des sortilèges
Quand l’abbé Paul s’en vint chez nous
Il reçut au presbytère
Il mit sa soutane au clou
Les bigotes se signèrent
Quand l’aubergist’ goûta son vin
Du voisinage des soûlots
Le traitèrent de gros vaurien
D’ivrogne et de saligaud
Le boulanger s’en vint de nuit
Chercher du secours chez Nine
Que de gorges chaud’s on ne fit
En lui sauvant sa farine
Quand l’épicier gifla Sylvain
Qui chipait ses surc’s d’orge
On le traita comm’un vaurien
Et l’on se servit chez Georges
Gérard Gorsse