Boeing 737 MAX 8, après le crash d’Ethiopian Airlines, la liste des interdictions de circulation s’allonge


Après l’accident du premier 737 MAX de la compagnie Lion Air en Indonésie le 29 octobre 2018, la communauté aéronautique s’était interrogée sur le manque d’information des compagnies et des pilotes sur son nouveau système électronique anti-décrochage. 

Bien compliquée, cette affaire. On a beau vouloir expliquer le pourquoi du comment, on trouve toujours le jargon technique des spécialistes de l’aéronautique qui, comme toujours, ne sont pas disposés à vulgariser leurs messages. La plus simple des explications, toujours ardue pour une personne non initiée, est que si, au décollage,  l’angle d’arrivée de l’air est trop élevé, ce qui peut être la conséquence d’un avion qui aurait trop ralenti alors que le pilote maintient le nez de l’avion vers le haut comme s’il se mettait en montée, l’écoulement de l’air sur le dessus de l’aile n’est plus assuré et la portance diminue progressivement. Dans ce cas, soit l’avion réalise une abatée (chute en piquée) et se met naturellement en descente pour reprendre de la vitesse, soit le pilote maintient le nez de l’avion en montée tout en continuant à ralentir. Le décrochage, quel que soit son type, est la seule situation dans laquelle un avion arrête de voler, mais ne tombe pas comme une pierre.  Dans le cas du Boeing 737 Max 8, l’AOA (angle of attack sensor) aurait conduit l’ordinateur de bord, pensant être en décrochage, à mettre l’appareil en piqué alors qu’il aurait fallu, au contraire, le redresser.

Par principe de précaution, Ethiopian Airlines, suivie de Lion Air, qui avait aussi subi un accident identique, ont décidé la suspension des vols de cet appareil. Immédiatement, les agences de sécurité aérienne de la Chine, de l’Inde, de l’Indonésie, de l’Australie, de Singapour, de la Malaisie, du sultanat d’Oman, de la Corée du Sud, de l’Egypte et de la Mongolie leur ont emboîté le pas. Les agences  de la Grande-Bretagne, d’Allemagne et de la France ont également fait de même, suivies, le 13 mars 2019, par l’AESA (Agence européenne de sécurité aérienne), pour l’ensemble des pays de l’UE. La liste risque de s’allonger encore.

Situation cocasse, la fédération des pilotes américains avait déjà mis en lumière un disfonctionnement de ce système, sans qu’aucune mesure n’ait été prise. Et pourtant, les États-Unis restent un des rares grands pays à maintenir leur confiance en cet avion. Épaulées par la FAA, l’administration de l’aviation civile des USA qui est à la fois juge et parti et qui défend bec et ongle l’industrie américaine des transports, United Airlines, Southwest (34 appareils) et American Airlines (24) ont fait savoir que les vols de leurs Boeing 737 MAX se poursuivaient jusqu’au 13 mars au matin. Dans l’après-midi, Donald Trump déclarait que la sécurité des citoyens américains était primordiale et interdisait la circulation des Boeings 737 MAX sur son territoire. Quelques heures plus tôt, le ministre des Transports du Canada, Marc Garneau, avait, lui aussi annoncé que les Boeing 737 MAX 8 ne pourraient plus décoller ou atterrir au Canada, ni circuler dans l’espace aérien canadien.

Si vous souhaitez  éviter de voler en Boeing 737 MAX, cherchez déjà sur les horaires des compagnies aériennes ou sur leurs  sites Web si cette information existe. Elle n’est pas toujours très claire, car .les types d’appareils sont inscrits selon des codes de l’IATA ou de l’OACI (Organisation Civile de l’Aviation Internationale). Il existe sur Internet des sites de décryptage des types d’avion mais il se peut aussi que la compagnie aérienne décide de changer d’appareil au dernier moment, pour des raisons de roulement du matériel ou de remplissage des avions. Néanmoins, à l’aéroport, vous avez la possibilité de voir l’avion dans lequel vous allez embarquer depuis la salle d’embarquement avant le vol ou en empruntant la passerelle d’accès à bord de l’avion. Vous pouvez l’identifier en regardant l’extrémité de l’aile. Elle est munie d’une winglet (petit aileron) d’une forme particulière à deux « plumes », l’une orientée vers le haut, l’autre vers le bas.

Boeing se trouve devant une catastrophe commerciale qui va lui coûter cher. Entrés en service en mai 2017, quelque 370 appareils de cette famille volent dans le monde aujourd’hui. Au salon du Bourget 2018, Boeing  avait enregistré la commande de 4’300 appareils du modèle MAX 10 pour 92 compagnies aériennes. Aujourd’hui, les investisseurs ont sanctionné Boeing, pour qui le 737 MAX est un programme essentiel. Le 13 mars 2019, le titre plongeait de 6,15% à la bourse après avoir déjà cédé 5,33% la veille.

Les avancées technologiques donnent le tournis avec l’excès du développement de l’informatique dans le pilotage des avions et la dépersonnalisation croissante du pilotage. Elles sont d’autant plus inquiétantes quand on apprend qu’à moyenne échéance, l’intention des constructeurs est de ne laisser qu’un seul pilote pour assurer les commandes d’un avion, ceci afin de limiter le personnel à bord, tracas perpétuel d’un concept libéral pur et dur. Le ciel servirait-il de garde-fou aux hommes ? On pourrait se poser la question après les déconfitures commerciales du Concorde et des mastodontes Boeing 787 et  Airbus A 380.

Gérard Blanc / Je pars

Sources : Le Monde/Le Temps/20 Minutes/Air-Cosmos/Air Journal/Le Devoir

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