Coronavirus, à quel niveau de létalité une maladie transmissible devient-elle inacceptable au point d’interrompre la vie sociale et économique?


Dans le cas de l’épidémie de coronavirus (COVID-19) et selon le profil de risque qui a été généralement communiqué, le taux de létalité a été estimé en moyenne entre 1 et 3 %, ce qui est légèrement supérieur à celui de la grippe saisonnière. Ce chiffre dépend évidemment de l’accessibilité aux soins, de la solidité du système de santé, la capacité de diagnostic, la culture des gens et d’autres facteurs. Néanmoins, il a été jugé suffisant pour réagir de manière drastique. Ainsi, dans le contexte de cette épidémie, une létalité de 1 % est considérée comme la limite de tolérance et justifierait des mesures drastiques telles que l’arrêt total de la société. Il s’agit d’un objectif très louable qui place la santé au centre de la société et lui donne la priorité par rapport aux intérêts sociaux et économiques.

Le profil de risque n’étant pas entièrement connu, de nouvelles informations sont révélées à mesure que la pandémie progresse. On peut donc supposer que certaines mesures doivent être prises à titre de précaution. Comme la Chine avait une longueur d’avance, l’Europe aurait pu prendre des mesures préventives et surtout se préparer à une éventuelle crise. D’autant plus que, suite à la grippe aviaire et au risque de pandémie H1N1, le risque d’une telle éventualité aurait dû être envisagé.

En prévision d’une telle crise, ou d’une crise future, une question qui devrait être posée est de savoir à quel niveau de létalité une maladie transmissible deviendrait inacceptable au point d’interrompre la vie sociale et économique. 

Mais cela soulève la question de savoir dans quelle mesure nous pourrons prendre des mesures d’une telle portée pour d’autres maladies dont la mortalité ou la létalité est équivalente ou supérieure.

Par exemple, l’Organisation mondiale de la santé affirme que la pollution de l’environnement est responsable de 1,7 million de décès d’enfants par an. De même, il y a environ 1,7 milliard de cas de diarrhée infantile chaque année dans le monde et plus d’un demi-million de décès dus à cette maladie. Pouvons-nous nous attendre à la même dynamique dans la gestion des maladies environnementales et/ou d’autres maladies transmissibles qui sont également évitables? 

La gestion de cette épidémie ouvre-t-elle une nouvelle ère pour la santé publique où la santé serait au centre de notre vie sociale, politique et économique, ou restera-t-elle un événement exceptionnel motivé par des intérêts autres que la cause de la santé publique ? Par exemple, pour éviter de surcharger le système de soins de santé, comme nous limiterions le passage des personnes sur un pont fragile. 

Yasmine Motarjemi

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