Matthias Seidel, organiste de la paroisse de St-Jean de Cour à Lausanne, une vie consacrée à la musique


PAR AGNÈS FORBAT

Cela tourbillonne autour de Matthias Seidel, l’organiste de la paroisse de St-Jean de Cour: ses gestes amples, ses propos généreux, sa puissante voix de basse, ses rires sonores, ses élans d’enthousiasme…. Bienvenue « chez lui », dans un lieu où se conjuguent spiritualité et culture.

Né en 1964 en Thuringe, près de la ville natale de Bach, le petit Matthias grandit sous le sévère régime communiste de l’ex-Allemagne de l’Est. Son enfance dans un village paisible est néanmoins insouciante et heureuse. Son don pour la musique – seule forme de culture pratiquée dans le cadre de l’église – est vite remarqué dans sa famille où cet art est très présent. Sa grand-mère lui offre des cours de piano et il tient l’orgue de son village à 14 ans. Malgré une stigmatisation politique pour ses goûts musicaux dits bourgeois, il persiste dans cette voie et étudie les Lettres et la Musicologie à Halle et Leipzig.

« Je ne me voyais pas devenir autre chose qu’un artiste », affirme-t-il, ce que l’on comprend aisément au vu de la suite de son parcours. Il vit avec fougue les semaines de manifestations pour la paix qui précèdent la chute du mur de Berlin en 1989.

Suite à ce tournant de l’Histoire et ayant fait la connaissance de l’organiste vaudois André Luy en Allemagne, Matthias Seidel concrétise son rêve de découvertes d’autres horizons : il s’installe à Lausanne, entre dans la classe d’orgue de Jean-François Vaucher et travaille en parallèle le chant avec Marie-Thérèse Mercanton au conservatoire. Il joue et chante dans plusieurs paroisses de la ville jusqu’en 1993, année où il succède à l’organiste titulaire de l’église St-Jean de Cour. L’édifice est alors en mauvais état, l’orgue est inutilisable. Passionné d’histoire de l’art, Matthias Seidel accompagnera les travaux de restauration de l’église, car, nous confie-t-il, si la musique est son métier, l’art est son hobby.

Il est comme un poisson dans l’eau dans ce lieu où la liturgie est soutenue par la musique et le chant. Cet homme si communicatif dit vivre seul parce que cette liberté choisie lui permet d’être disponible 7 jours sur 7. Pour des aventures artistiques et humaines, en Suisse et à l’étranger. « Ma joie est de toucher le coeur des gens, de leur apporter de la lumière à travers la musique, y compris dans les moments de tristesse. Parfois, dans un concert, un silence s’installe, c’est la grâce : on dit qu’un ange passe, pour moi c’est la présence divine qui se manifeste ».

Matthias Seidel se sent chez lui à Lausanne et dans le quartier de l’avenue de Cour. Il en a vécu l’évolution sociale, aujourd’hui sans doute moins tournée vers les activités de la paroisse. Il souligne néanmoins le fidèle engagement de nombre d’habitants pour l’animation spirituelle et culturelle de Saint-Jean de Cour.

Anecdotes et digressions ponctuent joyeusement ce moment avec Matthias Seidel. Avant de se quitter, sur le parvis de l’église, il improvise quelques notes d’opéra lancées dans la nuit. La rencontre fut brève mais riche.

Article paru dans le Journal d’Ouchy

Photo ©Agnès Forbat

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